jeudi 8 juillet 2010

19° entretien

XIX° entretien
Manet2 et Manet1
8 juillet 2010
( Pologne - 1989 - Solidarnosc)


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Manet1:
Nous devions parler de Laurent Gounelle.

Manet2:
J'ai lu « l'homme qui voulait être heureux » et ce livre m'a beaucoup plu. Cela peut concerner beaucoup de personnes. Il faut vouloir continuer à apprendre à se connaître. Nous devons corriger certaines erreurs dues à nos préjugés. Le récit est fondé sur la description du rôle de la croyance et son pouvoir mais il ne s'agit pas de la croyance en un dieu.

Voici mes notes et mes questions. De temps en temps, je lirais des passages.

Il s'agit d'un jeune homme – Jonathan - qui se sent mal dans sa peau. Il va en vacances à Bali. Il a fait des études supérieurs. Ses parents sont enseignants ils souhaitent impérativement que leur enfant le soit également. Cela le rend malheureux. Malgré ses réticences, il a réussi et manifeste de bonnes aptitudes. Mais il veut être photographe. Et il pense qu'il n'y arrivera jamais parce que, à 25 / 30 ans, il ne sait rien faire d'autre que ce que ses parents ont voulu qu'il soit. Il a entendu parler d'un gourou qui peu le guérir et il décide de le suivre pendant les quinze jours que dure son séjour. Il a fait des sacrifices importants pour payer avion et hôtel.
Dès qu'il entre en contact avec lui, il s'assied par terre comme cela se fait d'habitude et se met à son écoute et il lui raconte pourquoi il vient le voir.

Le premier acte de ce gourou est de provoquer une douleur intense à la main et de lui dire que cette douleur vient de ce qu'il n'est pas heureux, qu'il est en contradiction avec lui-même, qu'il se sous-estime. L'autre répond qu'il est malade, qu'il ne trouvera jamais de femme, qu'il se trouve laid et que tout le monde le trouve laid. Le gourou lui explique pourquoi il se voit ainsi. Il y a le regard des autres. Nous rencontrons dans la vie des gens jaloux de nous et qui sont capables de nous persuader que nous sommes mauvais. Alors que personne n'est mauvais!

Jonathan a beaucoup de difficultés à comprendre ce langage.

Le gourou lui demande s'il s'adresse aux autres, s'il va vers eux. Non car il « ne leur plait pas ». A-t-il le courage de demander quelque chose? « Non, on ne me répondra pas ».

Au fur et à mesure où leur relation s'approfondit, le gourou lui donne des missions quasiment impossibles. Dans ce type de démarche, il ne faut pas se mentir et il faut regarder la vérité en face. Jonathan traîne des pieds pour certaines missions. Pour d'autres, il arrive presque au but mais en se battant. A chaque fois, il doit dire ce qu'il a ressenti.

En fait, quand il est arrivé à bout d'une mission, il ressent du bien être et du soulagement. Mais en même temps, des multitudes de questions apparaissent et des gênes s'imposent à lui. Le gourou apporte toujours des réponses.


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Jonathan subit le pouvoir de la croyance et la main mise de l'autre.

Tout commence dans nos relations avec nos parents. Plus nous avançons plus nos parents sont responsables de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. Et arrive un moment où nous nous révoltons / nous souffrons ( c'est la même chose) – et soit nous refusons d'avancer soit nous nous lançons dans une mauvaise direction. A cela s'ajoute l'école et les enseignants. On quitte la mère pour l'école maternelle, qui fonctionne comme une deuxième mère. On se comporte avec l'enseignant comme avec les parents. Et il arrive que dans une classe, un enseignant à force de dire à un enfant qu'il est mauvais ou laid, le persuade inconsciemment pour la vie.

Il y a l'exemple d'une patiente qui est soumises à des analyses de recherche du cancer. On lui fait quatre prises de sang. La première et la troisième sont positives et la seconde et la quatrième sont négatives. En fait nous sommes deux personnes en une seule: l'une positive et l'autre négative. Il y a donc un dédoublement de personnalité: il y a une personne qui accepte le cancer et l'autre qui le refuse. En médecine, il est question de protocoles: sur x médicaments, la moitié sont de vrais médicaments et l'autre moitié, des placebos. Ainsi il arrive qu'une personne qui a une chimiothérapie placebo perde ses chevaux car elle pense qu'il s'agit d'un vrai traitement.

Il y a un autre exemple. Jonathan se promène sur une route déserte et rencontre un petit garçon de 5 ans qui fait du stop. Il le fait monter dans son véhicule et là l'enfant lui apprend que son père et sa mère ont été tués dans un accident de la route il y a 5 jours. Lui est très ému mais l'enfant n'est pas triste. A Bali, on croit à la réincarnation et l'enfant vit dans cette logique et il ne souffre pas. Voilà encore un pouvoir de la croyance. Pourquoi certains croient à la réincarnation et d'autres non?

Il faudrait mieux connaître le mécanisme des croyances pour guérir les gens. Jésus le pratiquait déjà il y a 2000 ans. On ne lit jamais avec assez d'attention les textes que l'on a sous les yeux. Jésus s'appuyait sur les croyances des gens pour les guérir. Voici un extrait de l'évangile de Saint Mathieu

9.27
Étant parti de là, Jésus fut suivi par deux aveugles, qui criaient: Aie pitié de nous, Fils de David!
9.28
Lorsqu'il fut arrivé à la maison, les aveugles s'approchèrent de lui, et Jésus leur dit: Croyez-vous que je puisse faire cela? Oui, Seigneur, lui répondirent-ils.
9.29
Alors il leur toucha leurs yeux, en disant: Qu'il vous soit fait selon votre foi.

On ne peut juger une croyance mais on peut s'intéresser à ses effets. En l'occurrence, nul ne peut prouver l'existence de Dieu. Mais on sait que l'un des effets de la croyance en Dieu est l'allongement de la durée de vie.


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La plupart de nos peurs sont des créations de notre esprit et savoir se tourner vers les autres pour leur demander une chose est fondamental. Tous les gens qui réussissent leur vie ont cette compétence. On ne fait rien de sa vie si l'on ne va pas vers les autres pour leur demander des conseils, des avis ou des soutiens et des contacts.

Le gourou lui faisait faire des marches arrières. Un jour, le directeur de l'école lui annonce qu'il doit s'absenter et qu'il lui confie la responsabilité de l'école. Jonathan perd ses moyens et il en est malheureux. Le gourou lui dit qu'il a subit un échec. Mais il faut regarder comment un bébé apprend à marcher. Les bébés ont énormément de choses à nous montrer car un bébé qui apprend à marcher ne réussit jamais du premier coup. Il tente de se redresser et il tombe. C'est un échec cuisant. Il recommence immédiatement et il retombe. Un bébé tombe en moyenne 2000 fois avant d'apprendre à se tenir debout. Si tous les bébés étaient comme Jonathan, le monde grouillerait de gens qui rampent à quatre pattes.

Jonathan est dans le mal-être et il est malade de ne pas être comme les autres. C'est une partie de sa guérison.

Manet1:
Quel est le problème que pose ce livre et quelles solutions il apporte? Ce livre montre le rôle de la croyance positive et de la croyance négative dans d'un humain. Une croyance positive, celle de l'humain ou celle de son environnement peut le reconstruire alors qu'une croyance négative peut le détruire. Mais que dit le livre sur la guérison de Jonathan, est- elle définitive?

Manet2:
Les personnes qui ont peur du rejet sont très loin de savoir qu'il est rare d'être repoussé des autres. Les gens sont plutôt enclins à aider, à ne pas décevoir, à aller dans le sens de ce que vous attendez d'eux. C'est précisément lorsque l'on craint d'être rejeté que l'on finit par l'être suivant le mécanisme des croyances qui est dorénavant connu.

Jonathan raconte que ses parents ont également fait des études supérieures mais qu'ils n'avaient pas le choix. Lui non plus n'a pas eu le choix. On lui disait que l'on n'est respecté que si l'on est scientifique ou enseignant. Les autres métiers étaient considérés comme peu sérieux alors photographe, c'était pire encore.

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A un moment donné le gourou dit qu'aucun des 7 milliards d'humains n'est identique du point de vue génétique.

Manet1:
Il y a un problème dans ce raisonnement. Le gourou dit qu'aucun être humain n'est identique du point de vue génétique. Mais il ne nous dit pas quels sont les liens entre la génétique et la psychologie. La génétique, c'est biologique. La psychologie, c'est moral. On est incapable de dire si à un état génétique donné correspond un seul et original état psychologique ou s'il y a des marges de libertés qui ferait correspondre à deux états génétiques un même et unique état psychologique. Donc, il se trompe quand il dit que tous les humains étant différents génétiquement, ils le sont aussi psychologiquement: il l'affirme mais ne le démontre pas.


Manet2:
La génétique dit que chaque humain est unique. Mais quand on raisonne par groupe, par ensemble, par camps, on fait abstraction des particularités, de la valeur et de l'apport de chaque individu, on tombe dans le simplisme et la généralisation. On parle des travailleurs, des scientifiques, des paysans, des artistes, des immigrés, des femmes aux foyers, de théories qui servent nos croyances. La plupart d'entre elles sont fausses mais poussent les gens à devenir ce que la théorie dit qu'ils sont.

Manet1:
En conclusion, selon Laurent Gounelle, la génétique ou la biologie dit que nous sommes tous différents génétiquement et biologiquement et il en conclut que nous le sommes aussi humainement et psychologiquement. Cette conclusion n'est pas prouvée. Ce qui nous rend identique à d'autres ce sont les croyances et ces croyances sont pernicieuses. C'est le cœur du livre. Il va falloir démonter cela dans notre prochain entretien.

Manet2:
A partir du moment où l'on est dans un groupe, on n'existe plus. Le groupe fait un et l'individu cesse d'être unique.

Manet1:
Faut-il accepter cette situation ou lutter contre elle? L'humain vit toujours en groupe donc il a tendance à éroder les particularités qui font que chaque humain est unique. Cela dit à l'intérieur du groupe, chaque humain est unique. Manet2 ou Manet1 restent ce qu'ils sont quelles que soient les contraintes qu'ils subissent.

Manet2:
Revenons au début du texte. Le gourou demande « que voyez-vous dans les rizières? ». On aperçoit en bas, des groupes de paysans, les pieds dans l'eau jusqu'au mi-mollet, le dos courbé, les mains tendus vers les plants de riz. Il répond « je vois un ensemble de travailleurs, s'activant dans les champs ». « Non, pas un ensemble de travailleurs, mais un groupe de paysans, si vous préférez ». « Non, ni un ensemble, ni un groupe ». et c'est alors qu'il dit qu'il y a sur terre 7 milliards d'humains uniques constitués de 30 000 gènes.

Pour moi, un être humain est unique. Mais c'est une situation invivable. On ne peut rien faire seul sans l'autre. Mais nous y reviendrons.


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Manet2:
A propos de l'argent. J'ai souvent dit qu'il apportait le mal, qu'il nous conditionnait,
Le livre dit autre chose.
« On assiste à une dérive. Or l'argent est une belle invention. A l'origine l'argent n'est rien d'autre qu'un moyen pour faciliter les échanges entre les êtres humains: échanges de services, de compétences, de biens ou de conseils. Avant l'argent, il y avait le troc. Celui qui avait besoin de quelque chose était dans l'obligation de trouver quelqu'un qui soit intéressé par ce qu'il avait à offrir en échange. Tandis que la création de l'argent a permis d'évaluer chaque bien, chaque service, et l'argent collecté par celui qui les a cédé lui offre ensuite la possibilité d'acquérir facilement d'autres biens et services. Il n'y a aucun mal à cela. D'une certaine manière, on pourrait même dire que plus l'argent circule, plus il y a d'échanges entre les êtres humains et mieux c'est. »


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A un moment donné, Jonathan découvre la pauvreté qui existe dans ce pays. Il rencontre un cireur de chaussures. Et il pensait que respecter ce cireur c'était ne pas lui permettre de lui cirer ses chaussures. Il sentait que ce cireur voulait entrer en relation avec lui et voulait lui parler. Il s'avance donc vers lui et celui-ci s'agenouille immédiatement pour cirer ses chaussures. Jonathan est mal à l'aise. En réalité, il ne respectait pas ce cireur. Il découvre que le cireur, au fur et à mesure, où il travaille, est heureux. Il le fait autant pour l'argent que par conscience professionnelle et plaisir de bien faire.

«J'ai pris alors conscience de ce qui me paraissait alors une évidence: cet homme était plus heureux que moi car il disposait d'un métier valorisant, et malgré ses faibles moyens il était sans doute mille fois plus riche que moi. Cet homme respirait le bonheur par tous les pores de sa peau et ce bonheur rayonnait autour de lui."

Manet1:
Cela ne se passe pas toujours aussi harmonieusement. Dans notre société, il y a une grande division du travail. Il y a des enseignants et des cireurs de chaussures mais il y a également des milliers de fonctionnaires, d'approvisionneurs de rayons de super marchés, de conducteurs de camions, de cantonniers ou de gens qui font voler les avions. Tout le monde travaille au sein d'une organisation. Globalement il y a des employés, des cadres, des directeurs, des dirigeants et puis les potentats et les puissants en politique, à l'église et partout ailleurs. A Bali, nous rencontrons un enseignant qui a honte de se faire cirer les chaussures: en général, dans nos sociétés, les gens qui se font servir n'ont aucune honte à se faire servir. Dans un restaurant, des riches s'installent et les serveurs se mettent à courir. Ils sont remerciés ou ils ne le sont pas. Le train transporte des voyageurs: personne ne remercie le personnel. Parfois, les rapports sont explosifs. Le président de la République se déplace et il distribue des sourires mais son service d'ordre bouscule le bon peuple sans ménagement. L'organisation n'est pas partout aussi sympathique qu'on ne le décrit dans ce livre.



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Manet2:
Jonathan se laisse dévorer par les autres. Il ne prend pas assez de décisions.

« J'ai parfois l'impression que ce sont les autres qui choisissent pour moi. »
« C'est que vous choisissez de laisser décider pour vous ».
« Il y a des gens qui disposent de plus de choix que les autres »
« Plus on évolue dans la vie, plus on se débarrasse des croyances qui nous limitent et plus on a de choix et le choix c'est la liberté ».
« C'est toujours vous qui décidez de votre vie quelle qu'elle soit. »
Pas d'accord sauf si on sait l'obtenir

« Ou alors on le fait inconsciemment et il y a trop de solutions qui viennent à nous.

Manet1:
Voilà un passage important. Nous sommes en psychologie et non en éthologie. Chaque JE à chaque instant est dans un choix qui met en jeu l'évolution. On ne parle pas de lutte pour la vie. Un enfant dès qu'il commence à savoir marcher ou parler est mu par la liberté mais ses parents ne cessent de le cadrer. Il y a une puissance personnelle chez chaque humain vivant qui le pousse à la liberté. Quand il nait, il ne sait même pas bouger ses pieds et parvient à peine à trouver le sein de sa mère. Il va au début se soumettre aux règles de sa mère. Elle va essayer de lui donner à manger quand il a faim mais s'il est gourmand, elle va lui imposer des limites. Dès le début, il voudra faire ce qu'il veut et il rencontrera un humain qui va le faire aller dans une direction et pas une autre. On l'obligera à manger à heures précises et en quantités raisonnables. Cela ne concerne pas uniquement la nourriture mais tous les actes de la vie.

Donc chaque être humain est libre et unique mais à chaque instant il se heurte à un autre être humain et alors il compose. Comment savoir alors que les êtres qui l'entourent vont l'accueillir et jouer le rôle de composition. Il y a une bonne mère et un bon père qui veillent à sa bonne santé et à son équilibre et il y a des marâtres et des mauvais pères qui feront ce qu'il ne faut pas faire et ne l'insatisferont fortement.

A chaque instant, il y a tous les cas de figures. Et l'évolution c'est la somme des luttes instantanés pour ses ressources. Lutter pour ses ressources, c'est lutter pour sa liberté car à un moment donné il dit « j'ai faim », « je veux sortir », « je veux dormir », « je veux lire », « je veux jouer », etc... Et à chaque fois, c'est oui ou non. Dès le début, l'humain est fortement socialisé. Ensuite, selon la situation de ses parents, il sera au-dessus d'un certain nombre de personnes, à égalité ( L'égalité, ne veux pas dire toléré par les siens. La lutte entre les égaux est âpre), ou en-dessous de ceux qui sont au-dessus. Peu à peu, il va prendre son allure. Il gagne tant, il a tel niveau de vie, tel rang social, il y a des choses qui seront faciles, et d'autres, inaccessibles.

Manet2:
« J'ai l'impression parfois que ce sont les autres qui choisissent pour moi ».

Manet1:
Aucun humain ne vit seul. Plus on avance en âge moins les autres choisissent pour nous. Une fois qu'on est arrivé à un âge respectable, on a compris tout ce qu'il ne fallait pas faire et tout ce qui était permis. Quand on est jeune, on dépense facilement son argent. Quand on est âgé, on économise, en règle générale. Le jeune se sent contraint et le vieux non parce qu'il se contraint lui-même et qu'il a intériorisé la règle. Ce n'est pas une histoire de conscience mais d'intériorisation de la contrainte.

Manet2:
On a besoin de limites!

Manet1:
Le bébé qui nait ne peut faire un geste sans qu'on l'aide. Quelqu'un d'autre décide pour lui. Plus on avance dans l'âge plus on croit être libre.

Manet2:
On a une sensation de liberté.

Manet1:
C'est une illusion. Voici un exemple. Un humain souhaite aller droit devant lui. Il se heurte à une clôture. Un bébé va tout droit. Aussitôt les parents crient « ne va pas chez le voisin ». La personne âgée ne va pas chez le voisin. Elle n'est pas plus libre que le bébé.

Revenons à l'évolution. Nous avons 60 ans et nous avons appris à rester dans des limites. Remontons à l'époque où nous avions 0 an et où il y avait des personnes de 60 ans. Elles avaient parcouru leur circuit d'apprentissage de l'enfance à la vieillesse. Leur contexte était différent du notre. Ils avaient connu une guerre, de grandes grèves et des crises économiques. Il y avait la tuberculose. Les contraintes sociales et naturelles généraient des vaincus: morts de la tuberculose, morts à la guerre, etc..


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Manet2:
« Comment ses parents avaient-ils développé ces croyances, les tenaient-ils de leur propres parents ou avaient-ils été confrontés à des personnes compétitives et s'étant sentis humiliés, voulaient-ils que maintenant leurs enfants se retrouvent dans la position de ceux qui les avaient dominés. Dans ce cas où étaient leurs choix. Ne s'étaient-ils pas plutôt soumis au modèle de l'offenseur? »

C'est du vécu. Nous reproduisons ce que nous avons subi.

Manet1:
Pourquoi reproduit-on ce que l'on a subi?

Manet2:
Tout le monde ne le reproduit pas. On reproduit parce que l'on est faible, parce que c'est le seul apprentissage de la vie que l'on retient. Parce qu'au fond de nous même, nous ne sommes rien d'autre que le dominant.
La famille de Manet2 a souffert de l'éducation du père notamment les sept filles – les trois frères se sont exclus ou ont été exclus pour des raisons particulières . Elles se disent qu'elles doivent faire mieux. Elles ont besoin d'en parler entre elles à chaque fois qu'elles se rencontrent mais sans exagérer et ce sera comme cela jusqu'à la mort.
Elles n'ont pas reproduit l'éducation du père.

Manet1:
Certes, mais pourquoi reproduit-on ce que l'on a subi?

Manet2:
Quand on souffre, on doit se poser des questions comment combattre cela. Manet2 ne voulait pas être comme son père mais elle a accepté d'être comme sa mère.

Manet1:
Ce qui est frappant c'est la stabilité définitive de la famille. Manet1 a vécu des moments d'intenses joies en groupe, par exemple en colonies de vacances, des joies que d'autres vivent en famille, justement parce qu'il n'a pas eu de famille. Il ne peut accepter l'enfermement que représente la famille. On se marie un jour avec une personne et puis c'est définitif jusqu'à la mort. C'est inimaginable. Il a connu ensuite des expériences de communautés de familles non-fusionnelles dans un habitat autogéré. Résultat: pour Manet1, habiter à deux dans une maison, c'est un échec. Mais il s'est rendu compte que l'habitat communautaire ne fonctionne pas.

Manet2:
On peut avoir beaucoup d'amis.

Manet1:
Cela n'a rien à voir. La vie se fait dans les frottements quotidiens et non pas « on se téléphone et on se fait une bouffe ».

Manet2:
On discute avec les amis, on partage. Le problème est qu'on ne sait pas vivre entre amis.

Manet1:
Dans la famille de Manet1, les piliers ce sont les grands parents. Si ceux-ci se mettaient en tête d'aller chacun dans sa direction, il y aurait des protestations chez les enfants.

Le mariage monogamique éternel est puissant. Nous nous y sommes habitués et nous pensons être libres. Mais à l'intérieur du modèle. Il y a des points communs avec l'absence de liberté des femmes musulmanes.

Manet2:
Pour que l'éthologie dure, il faut parler des vies individuelles de chacun au présent.

Manet1:
L'éthologie, c'est une théorie qui a ses mots propres.

Quand les parents décident que leur enfant sera enseignant, cela ne se passe pas comme une discussion légère et sympathique entre amis mais il y un fort conditionnement qui commence très tôt de telle sorte que Jonathan en a déjà intériorisé l'idée avant que le débat ne soit ouvert. Il s'en est fait une croyance et comme c'est sa croyance, il ne peut pas s'en sortir. Cela vient du poids très fort de la famille.

Manet1 et son épouse ont quitté tôt leurs familles et celles-ci ont été réduites au silence. Les croyances des parents ont été moins intériorisées par les enfants que dans d'autres familles. Dans les deux cas, le couple monogamique éternel était cassé. Du côté de l'épouse de Manet1, la mère était décédée alors que les six enfants étaient très jeunes et, de l'autre, la mère de Manet1 avait échoué à recréer un couple monogamique éternel après la sécession de son premier amour.

Donc, pour suivre Laurent Gounelle, chaque humain est libre mais - il faut ajouter à sa déclaration - à l'intérieur d'un système de règles ou que l'on domine ou que l'on accepte ou qui nous écrasent. Il y a des humains qui acceptent les règles et qui les transmettent à leurs descendants malgré eux: « on fête Noël, ensemble, on est malheureux mais c'est obligatoire ». Il y en a d'autres qui les dépassent. Tout cela c'est l'évolution du point de vue éthologique. Si l'on analyse les rapports à l'intérieur des familles il y a 100 ans, 1000 ans ou 10 000 ans, tout a évolué et tout évoluera encore.


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Manet2:
Le gourou a souhaité vérifier si "Jonathan avait progressé" dans le bons sens. Ce dernier retarde son départ d'un jour alors que modifier un billet d'avion dans ces circonstances n'est pas facile. En effet le message du gourou a été compris.

Manet1:
Combien de temps s'écoule entre l'arrivée et le départ de chez le gourou?

Manet2:
Deux à trois semaines. Il le voyait tous les jours. Il n'y a pas de dernière entrevue mais seulement un texte que le gourou lui laisse. Il était passé successivement de la colère à la stupéfaction, puis au doute, à la compréhension, à l'acceptation, à la reconnaissance et enfin à l'admiration. Le gourou lui avait fait subir une épreuve qu'il aurait pu ne pas lui pardonner.
« Il avait fait cela car il savait qu'il ne suffirait pas de comprendre ni d'adhérer. Il fallait quelque chose d'intense, de personnel, d' impliquant. ». A la fin, il retire la chaîne avec la croix huguenote qu'il porte à son cou....( en signe de libération des croyances de ses parents?).

D: Il nous faut des faits précis. A quelles dates se déroulent ces évènements et où? Quel âge avait-il? Quels sont les rapports entre Laurent Gounelle et Jonathan. Qui est Laurent Gounelle?

Manet2:
Laurent Gounelle est un spécialiste des sciences humaines formé en France et aux États Unis. Ces livres expriment sa passion pour la philosophie, la psychologie et le développement personnel.

Manet1:
C'est un texte passe-partout.

Manet2:
Le livre est paru chez Pocket – Anne Carrière – en 2008. « L'homme qui voulait être heureux » avec un ajour « Ce que l'on croit peut devenir réalité ».

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Il y a un autre sujet que l'on pourrait aborder une prochaine fois.
Paris Match du 1 juillet 2010 - « Brulées vives - Femmes indiennes et du Pakistan – Ce qu'elles subissent actuellement ».

Dans le 6° ou 7° entretien nous disions qu'il fallait en éthologie prendre du recul. Nous sommes en 2010 et les faits décrits dans ce texte sont terribles.

On ne peut pas adopter le recul éthologique.

Ce sont des choses graves qui se déroulent pendant notre passage dans la vie: si une jeune mariée ou sa famille n'arrivent pas à fournir la dot ou le complément de dot qu'elle doit à sa belle famille, il arrive que celle-ci la martyrise jusqu'à la brûler vive. Cela se passe aujourd'hui. Y a t il des solutions?

L'évolution a bon dos.

Certaines cliniques proposent des forfaits échographie et avortement au cas où il s'avèrerait que l'enfant à naître est une fille. Dans les années à venir il n'y aura plus assez de femmes pour tous les hommes. On évitera pas un commerce de jeunes femmes, celles qui seront en couples devront satisfaire une quinzaine d'hommes. C'est actuel et c'est vécu. C'est grave pour l'avenir. Les états combattent les trafic sexuel or ce que nous décrivons ici va arriver certainement. Certaines mères protègent leurs filles qui sont pour les hommes un moyen de gagner de l'argent. Quand il n'y aura plus assez de femmes pour tous les hommes, il va s'instaurer un trafic humain.
Il s'agit d'indiennes et de pakistanaises.


Manet1:
Au Pakistan vivent 180 millions d'habitants soit trois plus qu'en France. En Inde, il y a moins de 1,2 milliards d'habitants soit 20 fois la population de la France. Et à l'intérieur de ces états, il y a de grandes disparités culturelles entre régions. Au Pakistan, état musulman, Benazir Bhutto, une femme a été premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996.

Manet2:
Il y a des femmes qui luttent pour l'égalité mais cela ne changera pas le sort de celles qui sont martyrisées.

Manet1:
En Inde, Indira Gandhi a gouverné de 1970 à 1977 et de 1980 à 1984 et Sonia Gandhi, sa belle fille italienne, a été présidente du parti de Congrès, le parti de plus puissant du pays depuis sa fondation, de 1998 à 2005 . Paris Match fait un zoom sur une situation minoritaire – plus c'est spectaculaire, plus cela vend du papier – et il présente cela comme uns situation générale. Il faudra passer le reportage au peigne fin pour savoir combien de temps le visite a duré, qui a été interviewé, quelles villes ont été visitées. On peut faire la même chose en France. On piste une femme qui se promène en burqa en France et on peut faire un reportage dans un Paris Match des Indes qui laisse entendre que le problème du siècle c'est la femme voilée dans ce pays. C'est ainsi que vivent Gala ou Closer qui sont toujours à la limite du mensonge.

Manet2:
C'est un témoignage.

Manet1:
Les témoins de Jéhovah en France refusent les vaccins et la transfusion sanguine. Il sont 60 000. Ils ne sont pas représentatifs du pays. Les intégristes musulmans monteront en épingle l'exemple d'une femme riche. Et on jouera témoignages contre témoignages. Nous devons quand même aborder ce problème car il existe. Il faudra aussi parler du mariage polygamique car les voiles que l'on fait porter aux femmes dans ce contexte sont une véritable système inégalitaire de soumission de la femme à l'homme dans une civilisation où la plupart des femmes n'ont pas de revenu.

L'éthologie nous montre que tous les animaux multicellulaires se reproduisent par la sexualité et chez les animaux, un mâle rencontre une femelle. Ensuite chaque espèce met en place une organisation pour gérer la rencontre des deux, l'élevage des enfants et le partage des ressources. Les ressources de vie – s'habiller, se nourrir, se loger, appel à toutes les structures que les humains réalisent pour gérer tous les phénomènes de la vie – et les ressources de vie éternelles – la reproduction – toutes ces ressources sont intimement liées. L'époux et l'épouse vont ensemble au théâtre, en vacances, faire des achats, etc … Et c'est vrai pour tous les animaux. Chez les primates, il y a des espèces avec harems ou avec matriarcats où la femelle domine sans qu'il y soit question de libération de la femme. L'économie générale de la famille a été faite selon ces règles-là. Chez les humains, il n'y a qu'une seule espèce avec un éventail de possibilité qui vont de l'esclavage de la femme à l'égalité à l'intérieur du couple. On ne voit pas d'esclavage de l'homme parce que nous sortons peu à peu d'un long passé – le néolithique et la découverte de l'agriculture - où c'est le mâle qui maîtrisait les ressources de vie parce qu'il était mâle et non parce qu'il était le plus avisé. Ce n'est pas le cas de tous les animaux comme par exemple chez l'émeu.

Manet2:
Ce qui se passe au Pakistan et en Inde ne devrait pas exister.

Manet1:
Que dire des enfants de témoins de Jéhovah qui meurent parce que les parents sont opposés à la transfusion ou aux vaccins?

Manet2:
C'est différent.

Manet1:
Là-bas on brule une femme et ici, c'est un problème de santé. Mais cela fait partie de la gestion du couple monogamique éternel.

Nous allons également revenir dans le 20° entretien sur le livre de Laurent Gounelle car l'éthologie raisonne sur 7 milliards d'humains et lui sur un cas. Il faut gérer le décalage. Nous avons eu 18 entretiens théoriques, il serait bon de revenir à des réalités quotidiennes.

Manet2:
Sur les 7 milliards, il y en quelques uns qui correspondent au cas traité.

Manet1:
Oui, il faut trouver comment on passe de ce cas particulier à l'ensemble de l'humanité. Les 7 milliards d'humains ce n'est pas 7 milliards de fois le même humain. Mais c'est quoi?

Manet2:
Le problème vient des différences.

 

 

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