jeudi 29 juillet 2010

21° entretien


Entretien n° 21

29 juillet 2010
Manet2 et Manet1
( Ardennes - août 2010)



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Manet2:
Il n'y a jamais eu d'homme de Néandertal en Afrique?

Manet1:
On ne sait pas car on n'a retrouvé ses traces qu'en Europe, au Proche Orient en Ouzbékistan et en Sibérie.

Voici un rapide rappel historique.

L'homme de Néandertal a vécu en Europe entre 250 000 et 28 000 ans avant aujourd'hui.

Homo sapiens a quitté l'Afrique pour coloniser la terre entière il y a environ 200 000 ans. Tous les habitants d'aujourd'hui en descendent.

Ce sont deux espèces qui font partie du genre Homo apparu il y a environ 3,5 millions d'années en Afrique. Leur ancêtre commun existait entre 500 000 et 1 million d'années en Afrique car les ancêtres Homo sont sortis plusieurs fois d'Afrique. Leur capacité crânienne relativement proche se situe entre 1500 et 2000 cm3.


Manet2:
Les Néandertal enterrent leurs morts et plantent des fleurs.

Manet1:
Néandertal et Homo sapiens ont évolué en parallèle puisque leurs cerveau au moment où ils se rencontrent pèsent quasiment le même poids. Donc, il est possible qu'ils aient eu des points communs dans leur manière de vivre. Néanmoins, ils peuvent ne pas être de la même espèce puisqu'ils vivent séparés depuis très longtemps. Alors que le maximum qui séparent les homos sapiens entre eux aujourd'hui est de 200 000 ans.

Il y a deux hypothèses: soit Néandertal et Sapiens ont procréé soit ils ne le pouvaient pas. Il nous faut des preuves.


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Petite digression.
Tous les animaux domestiques on été domestiqués entre 20 000 et 5 000 ans avant aujurd'hui. Les chiens descendent du loup, des coyotes, des chacals ou d'autres canidés. On parle de la race « dalmatien » et de la race « chihuahua » mais c'est l'homme qui les a inventé par sélection selon des types qui l'intéressaient. En respectant leur espèce d'origine, ils sont inter fertiles quelle que soit leur race et du plus petit au plus grand.

Les humains font cela pour tous les autres animaux domestiques et pour toutes les plantes domestiques. Ce sont les humains qui ont inventé toutes les races de vaches à partir de l'auroch originel. La découverte de l'agriculture concerne les céréales et les plantes mais aussi tous les animaux domestiques: la vache, le porc, le cheval, le chien, les chèvres, les moutons, les chats, etc .. Mais il ne semble pas que les humains aient créé des espèces nouvelles sinon très peu puisque la sélection se fait lors de la reproduction.

Manet2:
Donc, à partir de l'intervention humaine, les choses n'ont plus évolué naturellement.

Manet1:
Plus précisément: les humains ont commencé à être si nombreux sur Terre qu'ils se sont mis à sélectionner les animaux qui les entouraient. Il y a 10 000 ans, nous sommes 10 millions. Le poids des humains est mineur. Leur action est réversible: les plantes et les animaux domestiques peuvent « revenir à l'état sauvage ». Aujourd'hui, notre poids est tellement fort que nous modifions fort la nature dans le sens de nos besoins en ressources. Tous les grands animaux sauvages sont en train de disparaître. Dans un avenir proche, ils auront cessé d'exister. Il n'y aura plus de baleines, ni de dauphins ni de morues. Nous aurons tout détruit ou domestiqué. Les Norvégiens créent à présent des aquacultures de flétans. Il y a un moratoire sur le thon rouge: les pécheurs et le Japon le contournent. Un autre sur les baleines et le Japon, sous des prétextes scientifiques, continue à les chasser pour l'alimentation. Donc leur disparition est programmée.
Pendant que nous parlons ici, d'autres humains ne cessent de grignoter la nature un peu comme les centaines de castors dans les forêts grignotent tous les arbres pour se construire des habitats.

Manet2:
L'humain gère la nature selon ses besoins.

Manet1:
Il ne gère pas mais il recherche ses ressources et dévore tout ce dont il a besoin.

Manet2:
Cela va parfois au delà des ressources: les scientifiques veulent toujours aller plus loin. Sont-ils conscients des conséquences ultimes de leurs actes? Ils se permettent de modifier la nature et ils nous l'imposent sans demander notre avis.

Manet1:
A midi, chacun mange son morceau de viande. Si un jour, le centre commercial annonce qu'il n'y a plus de viande, ce sera une catastrophe. Le scientifique doit anticiper sur ce risque pour qu'il n'y ait jamais de pénurie. S'il n'y a pas de viande, les gens vont mal voter ou faire la guerre civile.

A force de domestiquer dans le sens des besoins humains, on peut tomber dans le phénomène de la vache folle et devoir en éliminer des millions de bêtes immangeables. Comme on a éliminé les animaux sauvages et qu'on a plus que des animaux d'élevage, une catastrophe encore plus grave que la vache folle peut arriver et il n'y aura plus de viande pour tous les humains.

Manet2:
Cela n'arrivera jamais. Quand il y a une épidémie, la Terre entière n'est pas touchée.

Manet1:
Nous jouons avec le feu. L'épidémie de la vache folle a été provoquée parce que l'on donnait des protéines animales à des herbivores sous formes de « farines » animales. Et c'est nous qui en allant acheté notre viande de chaque jour sommes cause de cela. Nous sommes solidaires. Mais ce n'est pas le sentiment de culpabilité qui peut résoudre quoi que ce soit.
Nous sommes comme tous les êtres vivants : quand nous avons faim, il faut que nous nous nourrissions sous peine de mort. Si les plantes ne reçoivent pas d'eau, si les insectes pollinisateurs ne trouvent pas de fleurs, s'il n'y a plus d'herbe pour les herbivores, ceux qui sont en manque de nourritures disparaissent.

Nous sommes tout simplement victimes de notre succès puisque nous sommes passé de 1 à 7 milliards d'humains en quelques 200 ans.


Manet2:
La situation est cependant différente entre nous, gens civilisés et les habitants du Bangladesh. Ils ne sont pas heureux avec les ressources dont ils disposent. Pourquoi nous compliquons-nous la vie?

Manet1:
Bonne question. Alors qu'une tente serait suffisante pour nous abriter, pourquoi avons-nous un logement en dur avec tant de pièces? Par ailleurs, nous sommes "civilisés" et eux "non". Et c'est tellement vrai que face à l'emballement de la production matérielle humaine de toute sorte, il y a des hypothèses qui disent que seuls survivront à une catastrophe écologique et économique, les pauvres peuples subsistant de peu en Afrique ou en Asie, les villages de Dogons, les Massaï, c'est à dire des peuples qui sont restés dans une relation équilibrée avec leur environnement naturel.

Le maire de notre ville a créé deux grandes places en oubliant d'y planter des arbres. Et cela est multiplié par le comportement des 7 milliards d'humains. Aujourd'hui, un grand nombre de personnes qui possèdent un jardin achète une table en teck car c'est un bois qui supporte toutes les intempéries. Ceux qui fournissent ce bois détruisent de grands espaces de forêts pour accéder facilement à ce qui les intéresse et ils ne se préoccupent pas de replanter des arbres pour remplacer ceux qu'ils ont coupé. Et nous, nous allons dans un centre commercial et nous achetons ces meubles.

Manet2:
On ne pense pas à cela.

Manet1:
Parce que nous sommes 7 milliards. Ici ou là, il y a des protestations mais de combien de personnes et avec quels résultats? Ils ne font pas le poids devant la masse des acheteurs de table en teck.

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Revenons à présente à l'homme de Néandertal. Entre lui et homo sapiens, il y a un ancêtre commun en Afrique. Les deux évoluent de manière parallèle et lorsque les homos sapiens sortent vers 200 000 d'Afrique, il y a des différences mais à l'intérieur d'une même culture matérielle: pierres taillés, armes de jets, vêtements et allure général. La grande différence est dans la finesse de la finition des ces objets et dans l'allure physique un peu plus grossière de l'homme de Néandertal. Après tout, en Afrique le climat est plus doux qu'en Europe où les glaciations succèdent aux réchauffements: tantôt il fait trop froid et tantôt il fait trop chaud. Les homos sapiens se répandent en Eurasie puis il y a 25 000 ans, traversent à pied le détroit de Béring et pénètrent en Amérique puis parviennent jusqu'à la Terre de Feu où la vie est bien difficile comme le constate Charles Darwin au XIX° siècle.

En 1452, Christophe Colomb « découvre » l'Amérique et se retrouve nez à nez avec des humains avec lesquels il a un ancêtre commun d'il y a 200 000 ans seulement. Donc quand Homo Sapiens rencontre Neandertal, 500 000 années les séparent et quand Colomb rencontre les Indiens, il y a seulement 200 000 ans de développement différent entre eux deux. A cette nuance près: Homo Sapiens et Neandertal ont une technologie de la pierre et des ressources de chasseurs cueilleurs, l'indien a une technologie de la pierre et des ressources de type agricole extensif et Colomb a une technologie du fer et des ressources de type agricole intensif. La séparation d'Homo Sapiens et de Neandertal suffit à en faire deux espèces différentes mais non celle Colomb et des Indiens: il y aura beaucoup de métis après ces contacts-là.

On n'a pas de certitude sur l'inter-fertilité de Homo Sapiens et Neandertal. Il semble qu'elle ait existé vers -80 000 au Moyen Orient mais nul part ailleurs. C'est difficile à savoir parce que l'ADN se conserve difficilement sur des dates aussi lointaines.

Manet2:
C'est lié au mode de vie.

Manet1:
Non. C'est un problème purement biologique. Certaines théories expliquent que Néandertal a disparu parce que le bassin des femmes étaient trop étroit pour laisser passer le crane de leur enfant. Il y avait beaucoup de morts à la naissance tant du côté des enfants que des mères. Nous savons que lors de la naissance, c'est le crane du bébé qui pose problème lors de sa sortie du ventre de sa mère.

Manet2:
Lors de l'émission sur l'homme de Néandertal à la télévision, on parle de l'homme de Cro-Magnon.

Manet1:
C'est un homo sapiens. Il s'appelle homme de Cro-Magnon parce que c'est au lieu dit l'abri de Cro-Magnon dans la Dordogne qu'on a trouvé les traces de cet Homo Sapiens. Le problème c'est que cela est devenu un sobriquet de brute et un sujet à plaisanteries pour des gens qui sont peu informés alors que s'il en avait eu la possibilité - s'il avait vécu de nos jours - il aurait pu être pilote d'avion. A chaque fois que l'on découvre la trace d'un humain, on lui donne le nom du lieu où il a été trouvé car ainsi on situe immédiatement la région de la Terre où il a vécu.

Manet2:
On dit également que la branche Homo Sapiens venu d'Afrique est mal connue.

Manet1:
Oui tout ce que nous savons s'appuie sur peu de traces et beaucoup de suppositions.

Puisque nous parlons des noms donnés par les scientifiques aux vivants, il y a cette plaisanterie qu'à faite Carl Linné à Buffon qu'il détestait comme peuvent se détester des savants en concurrence. Au XVIII° siècle il y a eu un grand mouvement de classification des vivants, animaux et plantes. Au moment de donner le nom du genre crapaud en latin, il s'est vengé en l'appelant "bufo". Et aujourd'hui tous les naturalistes appellent le crapaud « bufo » en pensant que c'est un mot savant alors que c'est une blague de potache contre Buffon. Les noms que l'ont donnent en paléontologie ou en sciences naturelles sont donc parfois arbitraires.

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Manet2:
C'est comme les maladies. On leur donne le nom du médecin qui l'a découverte.
Il semble que si les savants s'intéressent à l'ADN c'est pour améliorer leurs connaissances dans le domaine médical.

Manet1:
Rappel.
Tous les vivants – plantes et animaux – sont constitués de cellules. Dans tout individu - un rosier donné comme celui qui pousse en un endroit précis de ce jardin, par exemple – si on en prélève une cellule, on y trouvera un noyau et dans ce noyau, il va y avoir une chaîne ADN. Et normalement, toutes les cellules de ce rosier ont la même chaîne ADN.

Manet2:
Ils ont la même chaîne ADN dans toutes les cellules?

Manet1:
Cela est certain pour les animaux mais les plantes sont particulières et ce n'est pas toujours la cas surtout quand il s'agit d'arbres.
Néanmoins, la règle est la suivante 1 vivant = 1 ADN. Chez un humain, les 100 000 milliards de cellules ont un seul et même ADN. C'est pourquoi l'ADN est supérieur à l'empreinte digitale dans la recherche en justice ou en paternité. Dans une cellule d'un cheveu ou d'un ongle, on trouve toujours les mêmes 3 millions de paires de bases ADN. Si on trouve un os de Neandertal qui a gardé son ADN, ce sera l'ADN particulier de M. Neandertal qui habitait à cet endroit-là.

Père et mère humains conçoivent un jour un enfant humain. Il reçoit un fil ADN du père et un fil ADN de la mère car dans toute cellule normale il y a deux fils ADN pour des raisons de sécurité mais dans les cellules sexuelles il n'y en a qu'un avec les risques que l'ont connait. Dans la première cellule de l'enfant, il y a fusion des deux filaments à l'instant zéro de sa vie mais avec choix d'un gène de la mère ou d'un gène du père. Supposons que le père ait les yeux bleus et la mère les yeux verts, l'enfant aura l'une des deux couleurs ou une troisième car le calcul est plus complexe que la simple choix entre les deux.

La fusion met en œuvre des bases venant de la mère et des bases venant du père et des bases qui ont muté à cette occasion car à chaque génération d'un enfant il y a des mutations qui font que l'enfant n'est pas l'addition des ADN des parents mais l'addition plus des innovations.

La cellule fondatrice de l'enfant est donc constituée de la cellule sexuelle de la mère et de la cellule sexuelle du père mais une fois celle-ci créée, la croissance se fait pas scissiparité: une cellule se partage en deux, les deux se partagent en deux et cela fait quatre jusqu'aux 100 000 milliards qui constituent l'humain adulte et le noyau de ces cellules aura dorénavant toujours la même double hélice ADN.

C'est grâce à cette mécanique que l'on peut faire la généalogie d'un vivant et remonter jusqu'aux ancêtres communs. Il y a un projet américain piloté par National Geographic et qui s'appelle Projet Génographique. Tous les participants donnent leur empreinte: il suffit de gratter avec le doigt l'intérieur de la joue et on récupère cela sur un verre qui est envoyé au laboratoire. Après séquençage du génome, on peut dire à une personne quelles sont ses origines. Cela nous le savons mais il peut y avoir des surprises au delà des quatrièmes ou cinquièmes générations.

Plus c'est ancien, plus c'est commun à un groupe plus important. Plus c'est nouveau, plus c'est différent. On compare un ADN d'homo sapiens et un ADN de Neandertal et on peut dater l'âge de leurs ancêtres communs au cas où il y aurait eu reproduction. Dans la comparaison entre Homo Sapiens et Neandertal, l'ADN sert à définir des généalogies et des filiations.

Si aujourd'hui, on dépense beaucoup d'argent pour le séquençage du génome, ce n'est pas pour connaître notre généalogie mais pour continuer à vivre et lutter pour la santé. On entre dans le domaine des maladies génétiques.

La trisomie 21 correspond à la présence du gène 21 en trois exemplaires au lieu de deux puisqu'il y a deux chaînes ADN par cellule et on retrouve cette erreur dans les 100 000 milliards de cellule de cet humain-là. On voit que la solution pour ce type de maladie, ce ne sont ni les médicaments ni la chirurgie. L'une des premières solutions mais aussi des plus cruelles, dans les pays qui l'acceptent et dans les familles qui le veulent, c'est, après constat, un avortement thérapeutique.

La variole paraît plus facile à traiter qu'une maladie génétique car un grand nombre de cellules sont concernées et il y a des malformations impossibles à guérir.

Il y a le problème du cancer qui est un développement arbitraire et rapide d'un tissu du corps humain. Nous savons que tous les 7 ans, toutes nos cellules ont changé. Le cancer
c'est également un tissu – il y en 80 dans le corps humain - qui se développe de manière anarchique. L'ADN se met à faire trop de cellules du cerveau – tumeur au cerveau – de cellules de l'estomac ou de pancréas – tumeur de l'un ou l'autre.

Manet2:
Ce n'est pas lié à l'alimentation?

Manet1:
Cela peut y être lié mais dans la mesure où cela provoque un dérèglement dans la gestion qui est impartie normalement à l'ADN. La médecine s'intéresse à l'ADN parce qu'il pilote tout le développement normal ou aberrant du corps. Nous sommes en train de parler et notre ADN est en train de développer des cellules visuels etc …

Manet2:
Que faire de cette connaissance?

Manet1:

Il y a un grand nombre de maladies génétiques. Elles sont en général détectables très vite après la conception et guérissent rarement car elles sont le résultat d'un mauvais fonctionnement de l'ADN et cela semble insoluble, pour l'instant.
Pour la trisomie 21, si le diagnostic avant naissance est fiable, il faut avorter. Dans le temps, on pensait que c'était une maladie mentale, on traitait les trisomiques dans les asiles et on les soignait comme des fous. Maintenant, on essaie de les traiter de manière normale le plus longtemps possible et les résultats sont meilleurs.

Il y a la mucoviscidose. On ne la traite pas comme une maladie infectieuse des poumons mais de manière plus adaptée.
Lorsque l'on est soumis à des rayonnements radioactifs, on peut dérégler le fonctionnement de l'ADN.
Pour combattre un cancer, on utilise des rayonnements radioactifs également.
Le cancer est un problème génétique.


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Manet2:
Pourquoi parler de spiritualité: c'est de la croyance et rien d'autre.

Manet1:
Dans l'entretien précédent, nous avons évoqué la croyance. L'éthologie n'a pas pour but de la supprimer mais d'en analyser le rôle. Et elle peut émettre une appréciation de type darwinien: il y a des croyances qui apportent un avantage évolutif et il y en a d'autres qui apportent un désavantage.
Elle seule peut nous expliquer pourquoi il y a eu la Shoah. Elle l'explique mais ne la justifie pas et c'est au niveau de la croyance que l'on peut lutter ou non contre la Shoah. Supposons que l'on découvre une nouvelle religion qui empêche définitivement la possibilité d'une nouvelle Shoah, un nouveau massacre des innocents quel qu'il soit, ce sera un beau progrès. Et cela sera une nouvelle croyance. L'éthologie dit que nous sommes tous frères – à midi quand nous mangeons de la viande, nous mangeons notre frère – donc elle fait naître un plus grand respect entre tous les vivants. Manger un poulet c'est comme manger un humain, c'est du cannibalisme. Un poisson également. Mais c'est une vision d'ordre scientifique. Il n'est pas certain qu'elle pourra apporter un plus grand respect des vivants. Une croyance le pourrait.

Manet2:
Quand on mange une racine, on mange un arbre!

Manet1:
Nous le savons depuis le début: tous les vivants consomment des vivants d'une autre espèce qu'eux-mêmes en règle générale. Un animal s'il veut vivre doit manger d'autres animaux ou des plantes. Mais avec respect. "Prenez et mangez, ceci est mon Corps… Prenez et buvez, ceci est mon Sang.".

Manet2:
Il semble que derrière cette position se cache des traces d'une ancienne éducation religieuse stricte. Et même s'il y a une révolte, l'imprégnation persiste.

Manet1:
C'est possible. Le sujet que nous traitons est le rôle de la croyance, le rôle de la religion et le rôle de l'éthologie. Dans un passé pas si lointain, dans des villages africains, il y avait des rites de danses et de prières pour faire pleuvoir. Aujourd'hui, c'est devenu rare et beaucoup de gens pensent que cela n'a pas de sens. Est-ce efficace?

Manet2:
Non.

Manet1:
Faut-il le faire?

Manet2:
Non. Mais c'est peut-être cela la beauté du monde. Les gens sont différents. En France, nous sommes peut-être trop loin de nos anciennes traditions. Si nous nous en sommes écartés c'est parce qu'elles ne nous convenaient plus.

Manet1:
Le colon blanc se moque des villageois africains.

Manet2:
Qui dit que les grands chefs de ces peuples ne s'en moquent pas non plus? L'ignorance leur est bien utile pour dominer le monde.

Manet1:
Si les gens dansent c'est parce qu'ils sont persuadés que leur dieu les entend.

Manet2:
Mais c'est également l'expression de leur joie de vivre.

Manet1:
C'est aussi une manifestation collective: ils dansent ensemble. Ils sont solidaires en le disant. Et comme ils font des gestes ensemble, un groupe se crée qui est intimement lié par le chant et par la tristesse.

Manet2:
Cela tue la solitude.

Manet1:
Cela renforce leur solidarité. Si par la suite il n'y a pas de pluie, comme ils sont solidaires, ils trouveront ensemble d'autres solutions ou bien ils résisteront mieux à l'absence de pluie et à la famine que s'ils avaient été dispersés. La croyance ou la religion ne sont pas des phénomènes à rejeter. Mais il ne faut pas qu'il y ait d'interférence entre la religion et la science.

Rappelons que le pape Urbain VIII en 1633 a menacé du bucher Galilée qui disait que la Terre tourne autour du Soleil. La position de l'Église était non-scientifique. Grâce à ce savant, les humains voyagent aujourd'hui dans l'espace.

La force de la religion c'est qu'elle internalise la fusion du groupe et cimente le groupe. Mais elle est un obstacle à la science et elle s'oppose au progrès qui apporte un vrai soulagement aux humains car c'est grâce à elle ou à cause d'elle que nous sommes 7 milliards aujourd'hui.

Il faut faire cohabiter la croyance et la science.

L'éthologie est scientifique et elle nous montre que si les humains continuent à penser que l'espèce humaine est le sommet de la l'univers, ils se trompent. Il faut qu'ils composent avec tous leurs frères les autres animaux et les plantes. Quand nous mangeons nos frères, nous faisons attention à replanter les plantes et à ne pas faire disparaître les espèces animales.
La domestication en modifiant la biodiversité générale, et non pas seulement celle dont les humains ont besoin, fragilise tous les vivants. Ne parlons pas des zoos qui sont de vraies prisons: non seulement chaque espèce vit dans un environnement qui la rend débile mais comme chacune vit séparément des autres il n'y a rien dans ce mode de vie qui soit naturel et qui favorise la biodiversité. Et ce n'est pas en entreposant des millions de graines dans la Chambre forte mondiale de graines du Svalbard qui apporte une solution: la vie ne s'est jamais développée de cette manière.

Manet2:
Certaines espèces sont plus nombreuses dans les zoos. Mais tout le monde veut des zoos.

Manet1:
On a également annoncé qu'il y avait suffisamment d'ours dans les Pyrénées. Il n'y a pas de secret, si l'on veut réintroduire l'ours dans les Pyrénées, il faut en évacuer tous les humains. Car l'ours ne souhaite pas la cohabitation.

Manet2:
Il y a des gens qui se déclarent sans religion et puis arrive un très grave accident de santé, et elles retrouvent le chemin de l'Église parfois en se cachant. C'est une situation dramatique: il y a le conjoint et les enfants qui ressentent une grande peine et il y a le vide intérieur. Qu'est ce que cette croyance, quel est son rôle?

Manet1:
Le progrès technique fait vivre les gens plus longtemps ou il contribue à des guérisons de plus en nombreuses. Mais le jour où le progrès s'interrompt, on retrouve le chemin de la croyance. Il faut être utilitariste. Si cela rend service dans les recherche des ressources de vie, ce sera pris en compte. Si la religion est une ressource de vie, on ne peut pas la refuser.

Manet2:
Les religions font du mal.

Manet1:
Quand la religion devient dominante, elle s'oppose au progrès scientifique, à la libération de la femme, à la bonne éducation des enfants, à l'égalité des gens, etc. Il ne faut pas lui laisser la bride sur le cou.

Manet2:
La religion catholique est une secte.

Manet1:
C'est synonyme.

Manet2:
La croyance c'est plus général: on croit à beaucoup de choses qui n'ont rien de religieux mais qui jouent un rôle analogue.

Manet1:
C'est le cas des supporters de l'équipe de football. Ce sont les tripes. Il y a de la solidarité. Quand il y a une victoire, beaucoup de gens sont heureux.

Manet2:
Et comment peut-on ensuite s'entretuer? Peut-on vivre sans croyance, alors?

Manet1:
On ne maîtrise pas sa croyance.

Manet2:
Il y a toujours croyance.

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Manet2:
Je reviens au thème de l'homosexualité. Dans un texte trouvé dans Internet, on dit qu'il s'agit d'une différence cérébrale.

Homosexuels : une différence cérébrale ?
Selon une étude récente, le cerveau homosexuel aurait une structure différente de celui des hétérosexuels, peut-être même dès la naissance. Ce qui pose la question : naît-on homosexuel ?
(Philippe Ciofi)

Il y a quelques mois, l'Institut Karolinska de Stockholm, où sont décernés les prix Nobel, a publié une étude montrant des différences entre « cerveaux homosexuels » et « cerveaux hétérosexuels ». Selon cette étude, le cerveau des hommes hétérosexuels et des lesbiennes serait « asymétrique », alors que celui des gays et des femmes hétérosexuelles serait « symétrique ». Conclusion : les lesbiennes se rapprocheraient, de par leur structure cérébrale, des hommes hétéros, et les gays des femmes hétéros…
Mais quelle est cette « asymétrie du cerveau qui distinguerait homos et hétéros ? La notion d'asymétrie cérébrale se nomme latéralisation, en langage neuroanatomique. Il s'agit d'une caractéristique du cerveau qui diffère chez les hommes et les femmes (les hommes sont plus latéralisés que les femmes), et qui fait référence à la répartition asymétrique de la substance grise et de certaines fonctions cognitives ou comportementales entre les deux hémisphères du cerveau.
Précisons les résultats de cette étude, avant d'en aborder le sens. Ivanka Savic et Per Lindström ont choisi d'étudier deux paramètres, un paramètre anatomique (la forme des hémisphères cérébraux) et un paramètre fonctionnel (l'activité au repos des amygdales cérébrales). Ils ont découvert, en pratiquant une analyse statistique des données d'imagerie cérébrale, que les gays sont peu latéralisés, tout comme les femmes hétérosexuelles, et que les deux amygdales cérébrales sont actives simultanément. À l'inverse, les lesbiennes sont latéralisées, comme les hommes hétérosexuels. Finalement, dans cette étude, le sexe cérébral semble corrélé à l'orientation sexuelle plutôt qu'au sexe biologique.
Voici maintenant un point crucial : l'asymétrie du cortex cérébral est un paramètre macroscopique et hétérogène et, en tant que tel, il est peu probable qu'il puisse subir un...


Le cerveau homosexuel aurait une structure différente des cerveaux hétérosexuels, peut-être même dès la naissance. Ce qui pose la question « nait-on homosexuel? » . Selon cette étude, le cerveau des hommes hétérosexuels et des lesbiennes serait « asymétrique », alors que celui des gays et des femmes hétérosexuelles serait « symétrique ». Conclusion : les lesbiennes se rapprocheraient, de par leur structure cérébrale, des hommes hétéros, et les gays des femmes hétéros…

Manet1:
Nous avons déjà parlé du cerveau de l'enfant depuis la conception d'un humain jusqu'à sa naissance.
A un moment donné, une cellule sexuelle femelle avec un seul fil ADN fusionne avec une cellule sexuelle mâle avec un seul fil ADN et cela donne la première cellule avec un double fil d'ADN du bébé qui ensuite va en faire deux, et ces deux vont en faire deux jusqu'à ce que l'on arrive aux 100 000 milliards de cellules de chacun de nous. Il y a un double fil d'ADN pour des raisons de sécurité. Si l'un est défaillant, l'autre le corrige.
C'est pour les mêmes raisons qu'il y a deux parents: si un parent meurt, l'autre s'y substitue. Le second peut mourir, mais c'est plus rare. Donc avec un secours, on règle la majeure partie des risques. C'est aussi la raison pour laquelle le couple humain est somme toute très solide.

Manet2:
D'où l'institution des parrains et des marraines.

Manet1:
Dans le passé, la mortalité était plus importante et cette institution jouait vraiment son rôle.

A un moment donné du développement du fœtus, le système va créer des cellules du corps et des cellules cérébrales. Sans aucune intervention extérieure autre que l'ADN.

Manet2:
Nous venons tous au monde avec un cancer qui se développe ou pas.

Manet1:
Oui. Le cancer est un dysfonctionnement de l'ADN. Il pilote le développement de toutes les cellules mais il peut provoquer un emballement et c'est le cancer.

Vers deux à trois mois, les cellules cérébrales apparaissent pour aboutir un jour aux 100 000 milliards de l'humain adulte. Nous savons également que depuis la naissance jusqu'à 7 ans, il se crée dans le corps 2 millions de synapses – de connections entre les cellules nerveuses – par minute. Ces synapses enregistrent une situation tout en la structurant. Cela concerne autant la gestion physique du corps que sa gestion psychologique. Physiquement, dès qu'une partie de notre corps est atteinte, un signal se déclenche et indique l'endroit exact où il y a un problème.

Puis intervient la naissance. Et il va également enregistrer et créer des synapses pour tout ce qui va se passer autour de lui dès ce moment là un peu à la manière de Leeloo dans le 5° Élément. Et c'est seulement après la naissance que se constitue la personnalité homosexuelle ou hétérosexuelle. Nous n'en ferons pas une étude exhaustive. Il arrive que les garçons surprotégés par leur mère le deviennent. Ils arrivent que des mères ou des parents aient souhaité un bébé d'un sexe donné et en ait eu d'un autre sexe.

Manet2:
C'est plus cohérent que la première idée.

Manet1:
Parfois c'est explicite: on dit à une fille que les garçons sont plus intelligents que les filles ou bien l'inverse. Très souvent c'est implicite, du non-dit. L'implicite est important car il représente tout ce qui se passe à chaque instant dans une famille et qui est imprimé dans le cerveau de l'enfant. Le cerveau enregistre et peu à peu il oriente inconsciemment l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte.
La personne est homosexuelle ou hétérosexuelle suite à toutes les injonctions explicites ou implicites de sa famille mêlées à ses propres expériences auprès de tous les autres humains rencontrés. Le résultat lors de la cristallisation c'est-à-dire de l'amour naissant se fait de manière homosexuelle ou hétérosexuelle. Le cerveau enregistre tout et se nourrit de tout ce qu'il a enregistré. Il est en apprentissage permanent pendant la petite enfance depuis les plus visibles aux plus invisibles expériences et depuis les plus petites jusqu'aux plus massives. Il voit comment les parents se comportent les uns vis à vis des autres, quels comportements des enfants ils combattent et lesquels ils favorisent. C'est ainsi qu'ils se structurent peu à peu. C'est vrai pour le type de sexualité et aussi pour tous les comportements de la vie.

Nous le voyons en prison. L'enfant dont le père était ivre en permanence, dont la mère est sans cesse battue, ne pourra pas ne pas en porter les séquelles, sans que ce soit sûr à 100%, quand même.

Manet2:
Les psychologues disent que le pourcentage de ce type de reproduction est faible.

Manet1:
C'est faux. Il faut partir du principe que le volet inconscient de l'éducation est ultra majoritaire et le volet conscient ultra minoritaire. Certains enfants imitent tout ce que font les parents 24h sur 24h tant qu'ils vivent en permanence avec eux. D"autres font le contraire. Les parents et les adultes proches sont la référence et le modèle pendant les jeunes années tant dans ce qui est dit et fait que dans le non dit et le non fait.

Ensuite, c'est difficile à corriger car cela est enregistré par des cellules nerveuses et par les synapses et c'est ainsi que la maison a été construite. C'est physique. Quand on fait de la psychothérapie, on ne modifie plus le physique. On travaille à la marge, on corrige superficiellement et on ne reconstruit pas.

Prenons un pédophile. Roland Coutenceau, l'expert en la matière, propose des techniques de contournement. "Je sens qu'une pulsion monte en moi, j'avale un verre d'eau glacée ou je prend un médicament psychotrope puis je sors de la chambre et m'éloigne rapidement du lieu où je risque de commettre un acte interdit".

C'est de la même manière que nous luttons contre d'autres accoutumances. Pour lutter contre l'alcoolisme, il faut éviter les lieux où l'on boit et si un besoin se manifeste on le détourne vers une autre satisfaction.

On ne revient jamais à une situation non problématique. Le système nerveux est câblé et on ne peut plus le modifier. Par contre la société punit certains comportements. Et la récidive est presque inévitable.

Manet2:
C'est la description d'une maladie. La sexualité serait-elle une maladie?

Manet1:
Ni l'homosexualité, ni l'hétérosexualité ne sont des maladies. Mais l'opinion publique joue un rôle important dans l'image qui en est donnée. L'idée que nous avons développé c'est que le cerveau enregistre ce qu'il fait, voit et sent de manière définitive à partir de sa naissance. A un moment donné, il en fait la synthèse et cela devient sa personnalité qui dans le domaine sexuel sera homosexuelle ou hétérosexuelle, perverse ou sans vie sexuelle.
Tous les modes vont exister. Il y a des prêtres qui vivent une grande vie de dévouement sans aucune anicroche sexuelle.
On ne peut pas dire qu'il y a une norme. Mais un humain se présente à la société à 18 ans et soit il correspond à ce que veut la société et c'est tant mieux pour lui soit il ne correspond pas et c'est tant pis. Après on tombe dans les systèmes de prothèses.

Manet2:
Cela se passe à la naissance.

Manet1:
Cela se passe juste après la naissance et cet humain est le fruit de son environnement.

Manet2:
En partie.

Manet1:
Oui, car cet humain manifeste aussi sa volonté.

Manet2:
On a entendu parlé d'un enfant de 7 ans qui s'est suicidé en se jetant sous un train. Il était homosexuel et c'était un tabou. Il ne fallait pas en parler. Il est question aussi une femme de 25 ans, homosexuelle, qui s'est également suicidé. On l'a su bien plus tard.

Manet1:
Le suicide, en réalité, c'est la société qui est en nous qui met à mort car un vivant lutte jusqu'au bout pour ses ressources.

Manet2:
Il y a des suicides qui ne s'expliquent pas. Certains détenus disent que le suicide en prison c'est devenu une mode. Ils ne comprennent pas qu'on se suicide parce qu'on est détenu.

Manet1:
La prison est un cas particulier.
Laurent Gounelle dit qu'un jeune ne réussit pas ses études parce que ses parents l'ont persuadé qu'il était incapable de réussir. C'est du même ordre. Une personne se suicide par une croyance que lui a donné la société.
Tous les gens qui vont en prison comme tous les gens qui vivent ne sont pas destinés à se suicider.
Se suicide l'homosexuel qui est cerné – la société et sa famille le rejettent – et quand il pense que tout le monde le rejette. Cela arrive quand il vit dans dans un milieu fermé ou dans un petit village. Si une personne en qui il avait confiance lui disait de ne pas tenir compte du qu'en dira-t-on, peut-être se retiendrait-il.

Manet2:
Ces personnes sont peut-être faibles dès le début.

Manet1:
Non. Une personne est faible parce qu'elle croit qu'elle l'est. Soit une personne qui a eu un accident grave de la route: tel motard est devenu tétraplégique. On aura affaire à deux comportements extrêmes possibles. D'un côté, il y aura celui qui se suicidera et de l'autre, un handicapé qui voudra traverser la Manche à la nage. Qui est le plus fort? On n'en sait rien.

L'histoire du cerveau homo ou hétérosexuel n'a aucun sens. Cela se passe dans la conformation entre la croyance et le cerveau. C'est physiquement inscrit mais nous n'avons pas l'impression d'être des machines.

Manet2:
C'est donc cérébral.

Manet1:
Oui mais nous sommes libres alors que tout est physiquement inscrit. Tous les vivants sont libres. Il n'y a pas que l'humain qui pense.

Manet2:
L'homosexuel est heureux en lui-même. Il devient malheureux par la société.

Manet1:
Oscar Wilde a fait trois ans de prison et il a été dénigré par la bonne société dont il faisait partie. Yves Saint Laurent qui habillait si bien les femmes l'était aussi mais sans complexe: il a vécu 50 ans avec Yves Bergé et a fini par se pacsé avec lui. C'est aussi la cas dans le monde anglo-saxon d'aujourd'hui où il semble que l'homosexualité soit plus répandue. Dans les sphères dirigeantes, on devine qu'un grand patron l'est parce très riche il ne fréquente pas de femmes et n'a pas d'enfants. Le traitement de l'homosexualité est variable.

 

 

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