jeudi 4 novembre 2010

28° entretien

Manet2 et Manet1
4 novembre 2010



- 1 -
La mariage monogamique éternel

Manet1:
Il serait intéressant d'approfondir la notion de mariage monogamique éternel. Il faut partir d'exemples concrets, de couples monogamiques éternels que nous connaissons bien.
Dans les entretiens précédents, nous avons eu souvent l'occasion de dire que chaque vivant , donc chaque humain est en permanence à la recherche de ses ressources de vie au point que s'il entre en compétition avec un autre humain, on retrouve une situation où l'un des deux doit céder ou disparaître. C'est dans la cas où il n'y a une ressource que pour un humain ou un vivant.
Nous avons également dit que chaque vivant donc chaque humain est à la recherche de ressources de reproduction que l'on parfois appeler ressources de vie éternelle.
Quand on observe un couple monogamique éternel à travers le mariage européen traditionnel on constate que les deux types de ressources sont complètement imbriqués.
Lors de la cristallisation où en général un homme rencontre une femme, ils se déclarent mutuellement "je t'aime pour la vie" et ils décident de vivre ensemble "pour l'éternité, dans le bonheur comme dans le malheur".

Manet2:
Tout le monde ne sait pas le faire!

Manet1:
Mais c'est ainsi qu'est passé le "contrat". Chez ceux qui savent le faire, c'est ainsi que cela fonctionne: ils ne remettent plus jamais en question leur fusion en un seul couple.

Manet2:
Pour que le couple dure, il faut se remettre en question.

Manet1:
Nous sommes en éthologie et pas en psychologie ou en morale. L'éthologie est un constat.

Manet2:
Un constat du vécu?

Manet1:
Non, un constat des faits. Le vécu c'est la vie intérieure et la croyance.

Manet2:
On ne vit pas sans croyance.

Manet1.
L'éthologie est une science et elle observe les humains de l'extérieur et pas du tout de l'intérieur. Le vécu intérieur n'est pas concerné.
Prenons un exemple plus dramatique. Quand les nazis assassinent les juifs, l'éthologue n'analyse ni les sentiments ni les pensées mais il constate que à chaque fois il y a rencontre de deux groupes sociaux, l'un faible et inférieur en technologie ( armée et état) et l'autre fort et supérieur en technologie, à chaque fois ce dernier tend à éliminer totalement le premier. Et ce quel que soit le vécu. Cela peut-être sur la base: ce sont des juifs donc des sous-hommes et nous des aryens donc des surhommes, ou bien ce sont des africains et des esclaves et nous sommes des blancs et propriétaires des champs de coton ou bien encore ce sont les esclaves sous la direction de Spartacus révoltés et nous l'État Romain. Il y a les Incas écrasés par les soldats de Pizarre en 1637 ou les Indiens d'Amérique du Nord éliminés par les Anglo-saxons au XVIII° siècle. Quand il y a une disparité importante entre deux groupes sociaux, le plus puissant tend à éliminer le plus faible. C'est un constat et non une règle de conduite. Les Espagnols éliminent les Incas parce que ce sont des barbares aux mœurs sauvages qui ne croient pas en Dieu. Les sudistes traitent les esclaves noirs en sous-hommes non civilisés. Quand aux juifs, ce sont des voleurs dégénérés qui ruinent l'Allemagne, des massacreurs d'enfants et des violeurs de femmes blanches.
C'est donc pour cette raison que l'éthologie ne se préoccupe pas du vécu.
Le couple monogamique éternel c'est la fusion d'un homme et d'un femme et peu importe comment elle se passe. Elle peut-être complètement "réussie" à l'intérieur duquel règne un dialogue permanent ou complètement "ratée", imposée par le conformisme social où les parents ont obligé la femme à se marier à un homme lui aussi sous contrainte, où l'on a rédiger des contrats entièrement bouclés, où le couple a été enfermé dans le qu'en dira-t-on et où s'ils se séparaient, les parents auraient eu des moyens de rétorsion définitifs grâce à divers héritages. Il y a un éventail des vécus très important. Mais ce que l'on voit c'est qu'à un moment donné, ils entrent à la mairie, ils se marient et se font une promesse, ils donnent naissance à des enfants, ceux-ci grandissent et enfin les deux meurent et se retrouvent avec leurs noms accolés l'un à l'autre sur une tombe. Voilà la démarche de l'éthologie.
La mariage monogamique éternel est une solution éthologique trouvée par les humains pour trouver un optimum à leur reproduction étant donné qu'il y avait les mains, le cerveau et la grande sociabilité. Mais quand on observe tous les humains, certains ne se marient pas dont la vie est tout à fait réussie ou bien ratée, d'autres se marient et leur vie est réussie ou ratée. Tout est vrai?

Manet2:
Donc on laisse faire et on raconte.

Manet1:
On observe. Par contre, on trouve des règles. Nous avons parlé de l'élimination des groupes humains plus faibles par des groupes humains plus forts. C'est la différence entre l'éthologie et l'histoire écrite par les groupes les plus forts. Quand on lit l'histoire de France, on trouve un grand nombre de justifications à la colonisation de l'Algérie, par exemple, à partir de 1830. Pour l'éthologie, ce sont des croyances. Si la France avait été plus faible militairement et étatiquement, elle n'aurait jamais pu s'emparer de l'Algérie. Cette dernière, le jour où elle a pu s'opposer victorieusement l'a obligé à quitter son territoire.
L'éthologie est une science comme la biologie. Dans la passé quand une personne avait le cancer ou la variole, étant donné que l'on était incapable de savoir d'où cela venait, on faisait des prières, ou bien on était charitable avec les autres humains. Et un jour, on découvre l'origine de ces maladies et on a changé son fusil d'épaule afin de parvenir à la guérison. Il se peut qu'un jour on trouve des solutions aux catastrophes entraînées par le couple monogamique éternel.

Manet2:
A quel moment, il faut définir des règles?

Manet1:
La première règle est que tout ce qui est humain peut être analysé en termes scientifiques. Aujourd'hui, on fait appel à la psychologie, à la philosophie, à la religion et chacun apporte son type de solution. Le catholique propose de se convertir à sa religion, l'islamiste à la sienne et pour l'un et l'autre, les problèmes principaux seront résolus. Le philosophe définira ce qu'est un homme, quelle est sa nature - il y a autant de nature que de philosophes - et il faudra devenir cet homme-là. Le psychologue proposera de bien nous analyser, de démonter et de remonter notre système de fonctionnement afin de nous en sortir.
L'éthologie dit que l'humain est soumis aux mêmes règles que tous les autres vivants qui naissent, grandissent, ont besoin de vivre et de forcir, puis intervient la reproduction. Elle constate que tous les vivants font naître de nouveaux vivants - les humains, les chats, les lombrics et les plantes également. Par dessus le marché, ce n'est donc pas un humain particulier qui décide de faire des nouveaux vivants ou plutôt si certains n'en font pas d'autres prennent la place.
Selon l'espèce à laquelle on appartient, il y a des solutions éthologiques de reproduction. Chez les abeilles, il y a une femelle qui monopolise toute la procréation. Elle se fait inséminer lors du vol nuptial. Et elle va pondre pendant tous le temps de son séjour dans la ruche. Les abeilles qui naissent sont toutes sœurs entre elles. L'élément mâle a été éliminé. Voilà l'éthologie de la reproduction chez les abeilles qui est adapté à l'espèce. Ce choix est impossible chez les humains parce qu'une femme ne peut porter au maximum que 40 enfants pendant toute sa vie. La reine abeille emmagasine les spermes dans sa spermathèque. Chez les humains, les mâles continuent à exister et c'est eux qui dirigent la société. Qui dit que dans des millions d'années, l'éthologie de l'humain ne change. Supposons qu'un jour, les humains cessent de se reproduire autrement que in vitro pour la raison que les enfants des SDF ont moins de chance que les enfants de riches.

Manet2:
On en parle déjà. Cela peut aller vite.

Manet1:
Il ne faut pas que ce soit l'espèce qui décide un jour de maîtriser les naissances car au sein de l'espèce ce pourrait être un groupe d'individus qui l'impose. C'est l'évolution qui doit le faire. L'espèce ne tiendra compte que d'intérêts trop particuliers alors que l'évolution englobe tous les problèmes de la nature. Par exemple, il pourrait y avoir une décision des humains de ne se reproduire qu'en Chine. Mais les humains qui y naîtront ne seront plus adaptés à d'autres régions telles que le Groenland, le Sahara, etc.. Il faut que l'on puisse naître partout. Ce ne sont pas les abeilles qui décident comment elles vont se reproduire. C'est l'évolution qui en est la cause.
Nous sommes en train d'inventer la fécondation in vitro mais c'est l'évolution qui la choisira ou non. Ce n'est pas un élément de l'espèce qui décide, c'est toute l'espèce qui est concernée. Aujourd'hui, les 7 milliards d'humains.
En conclusion, le sentiment ni le vécu ne jouent aucun rôle en éthologie. Prenons un couple qui se marie et n'a pas d'enfants. Si nous étions dans un système normatif comme le sont la plupart des sciences humaines, on dirait que ce n'est pas normal puisque ces sciences établissent la règle qu'un couple doit avoir des enfants. Pour l'éthologie, c'est aussi normal que d'avoir des enfants, indépendamment de la stérilité ou non de l'un des deux partenaires.


- 2 -
Une nouvelle religion.

Manet2:
Il me revient une autre question à l'esprit. Face aux évolutions actuelles et à l'apparition des nouveaux pays comme la Chine, il y a des gens qui disent qu'avant 200 ans, il y aurait une nouvelle religion c'est-à-dire qu'une nouvelle religion s'imposerait. Qu'en dit-on en éthologie? on a besoin de croyance. Dans le monde, les religions ont déçu et elles sont un peu usées. Elles n'apportent plus rien.

Manet1:
Il y a des religions qui sont encore vivaces.

Manet2:
On se sert de la religion.

Manet1:
Il y a l'hindouisme et l'islam qui sont encore très présents.

Manet2:
Nous avons souvent parler de croyance. Mais quand on parle de Freud ou de Darwin, il s'agit de croyances.

Manet1:
Nous allons parler de religion. Pourquoi le catholicisme a perdu de son influence? Revenons aux bases de l'éthologie des humains. Leurs deux points forts c'est la main et la sociabilité. Avec ces deux poins forts on a d'abord créé des petits villages puis des villes et des États et nous sommes au début de l'État Terre. Reprenons le schéma darwinien. Cette force nous vient du phénomène suivant: soit deux villages et dans l'un des deux le rôle de la main et de la solidarité est supérieur à celui de l'autre. Il y a une technologie qui est plus au point et une organisation plus cohérente - les gens se soutiennent mieux, leur armée est plus forte, ils sont plus disciplinés dans le combat. Quand ces deux groupes se rencontrent, le second groupe l'emporte sur le premier qui alors ou bien se fait assimiler ou bien disparaît. Ces situations évoluent jusqu'à notre époque et jusqu'à l'aube de l'État Terre. En permanence, il y a des combats entre les groupes plus faibles et les plus forts. C'est parce que les uns croient plus à leur groupe, qu'ils se donnent plus à lui. Prenons la très connue discipline allemande: le bataillon obéit plus fort aux ordres et il oblige les membres à obéir plus que ne le font d'autres peuples. C'est de cette manière que l'évolution se transforme en croyance. Et comme notre groupe a gagné parce qu'il était plus fort technologiquement, nous allons l'imposer à nos enfants et nous l'imposeront à d'autres groupes chaque fois que ce sera possible. Et quand cette croyance englobe des multitudes d'humains, on l'appelle religion.

Manet2:
Nous avons besoin de nous accrocher à quelque chose.

Manet1:
Non. Nous avons besoin de vivre. A un moment donné, il y a une solution qui est meilleure qu'une autre: nous l'adoptons et rejetons tout autre. Et nous allons continuer à la développer. Et nous allons y croire. Mais la nature change. La technologie évolue et parfois de manière si importante que la sociabilité ne parvient pas à la rattraper. Aujourd'hui, il y a beaucoup de technologie qui permettent de s'occuper de personnes âgées dans des maisons de retraite. Mais la sociabilité ne suit pas et ces personnes sont malheureuses. On compare avec d'autres lieux ou la sociabilité est mieux organisée: ainsi on compare les maisons de retraite en France et celles qui sont au Québec où beaucoup de pouvoir et d'initiative est accordé aux résidents au point qu'ils se sentent plus chez eux que les résidents français. Ils confectionnent les repas collectifs et animent les lieux parce qu'ils en ont envie. En France, il faudrait d'abord travailler sur le désir avant de donner du pouvoir sinon les résidents et tous les professionnels feront tout pour revenir au passé.
La religion, c'est un fonctionnement qui a réussi. Cela se transforme en religion si elle s'applique à des milliers de gens. Mais pour une personne, c'est une croyance.

Manet2:
Elle n'est pas libre.

Manet1:
Oui mais parce qu'il y a de bons résultats. Et puis un jour, la situation évolue, la croyance n'est plus adaptée et elle tombe en désuétude. Le jour où la pilule contraceptive est apparue et le jour où l'on a commencé à tolérer l'avortement, l'un des fonds de commerce du catholicisme - "tu ne commettras pas d'adultère" - qui était l'un des piliers de la famille européenne, est devenu caduc. Et tel un kaléidoscope, la problématique de la sexualité dans la société a changé.

Manet2:
Nous revenons à un comportement naturel.

Manet1:
Pas forcément. Il n'empêche, ces deux technologies ont développé une grande irresponsabilité en la matière. Dans certains pays, l'avortement est devenu une méthode contraceptive. C'est dramatique quand on sait, ce que signifie un début de grossesse pour une femme du point de vue physique et psychologique. Cela a nourri ensuite de forts mouvements anti-avortement à cause de ce manque de respect des vivants.

Reprenons le débat qui oppose le discours scientifique et la croyance. Pourquoi le christianisme est-il en train de péricliter?
Tant que toutes les découvertes scientifiques en biologie, astronomie, chimie ou physique n'avaient pas été faites, cette religion était une bonne réponse aux questions que se posaient les humains et à la manière dont il fallait organiser les groupes des humains ( "la société"). La cause de tout était Dieu. Puis on a dit que Dieu avait eu un fils qui s'était incarné c'est-à-dire qu'il était un humain comme tous les humains. Puis un jour, on s'est aperçu que la Terre n'était plus le centre du monde et que l'humain non plus n'était plus le centre du monde, l'Église a essayé de défendre les anciennes connaissances d'abord très vigoureusement en essayant de bruler Galilée, puis en interdisant la lecture des livres subversifs ( mise à l'Index): au XIX° siècle il était interdit de parler de Darwin. Mais en définitif, la digue que le christianisme a construit contre la science a cédé. Il reste un discours religieux qui ne se rattache à aucune réalité alors qu'il y a 2000 ans, le discours religieux expliquait tout. C'était le science de ces temps-là. Mais aujourd'hui, il y a de nouvelles religions comme la croyance en la prééminence universelle de l'humain. Il y a un véritable culte du cerveau de l'homme et un véritable culte de la pensée de l'homme. C'est une nouvelle religion.

Manet2:
Quel est le rôle de la science?

Manet1:
D'où vient la science. Il faut reprendre les deux points forts des humains: la main et la société. Il y a 3 millions d'années, les ancêtres des humains ont un cerveau de 500 grammes. A force de travailler leurs mais et à force de travailler socialement, le cerveau grandit. Il est choisi par l'évolution parce que sans cesse les groupes humains grandissent, leur sagesse grandit, leurs connaissances également, et eux maîtrisent de plus en plus les petits animaux, puis de plus grands. Ensuite les rivières, les routes, leurs logements etc.. Mais c'est lié au fait que nous sommes aujourd'hui 7 milliards. Et par leur masse, les humains sont devenus l'espèce la plus puissante de tout le règne animal.
Et la science, c'est l'avancement de la main et de la sociabilité. Il y a 3 millions d'années, l'humain s'empare d'un caillou et s'en sert pour taper, puis il le transforme en hache, puis il découvre du métal et avec ce métal il fait des fusils. La science c'est donc comment faire un fusil puis un satellite, un pont, un canal ...

Manet2:
Il n'a pas besoin de la religion pour cela!

Manet1:
Certes, mais la science induit une forme de croyance que nous humains sommes le dieu de l'univers.

Manet2:
La religion sert aussi à dire que ce que l'on fait est bien ou mal?

Manet1:
Non. C'est bien quand cela réussit et c'est mal quand cela rate. Et plus précisément si c'est mal et que cela réussit, c'est bien et quand c'est bien mais que cela rate, c'est mal.


- 3 -
Croyance et évolution

Manet2:
L'évolution va-t-elle aller dans le sens de la sagesse? Il me semble que c'est ce que nous avons dit.

Manet1:
Non. Toutes les espèces vivantes continuent à évoluer. Aujourd'hui les humains sont très puissants et il y a eu une accélération gigantesque depuis 1929. Et c'est au nombre d'humains par rapport aux autres vivants que ce succès est apprécié et à rien d'autre.

Certaines espèces vont disparaître dans les 100 ans qui viennent. Il s'agit surtout des gros et moyens animaux: ceux qui gênent les humains et les animaux sauvages dont ils se nourrissent. Tout ce qui est petit va survivre tant bien que mal s'ils gênent peu ces humains. Mais tous les vivants vont continuer à vivre. Pendant plus des 160 millions d'années du règne des dinosaures, il y en a eu de très différents qui se sont succédé sur la Terre. Qui dit que cela n'arrivera pas aux humains: ils pourraient vivre des dizaines de millions d'années et il pourrait alors se créer des espèces différentes non interfertiles et distantes l'une de l'autre comme l'homo sapiens néandertal de l'homo sapiens sapiens voire, même plus, comme l'homo sapiens du chimpanzé. La famille des humains pourrait passer de 7 à 10, 20 ou 100 milliards d'individus. On peut imaginer que les SDF deviennent de plus en plus SDF et les riches de plus en plus riches. C'est un fait imaginaire car c'est la société humaine qui crée les riches et les pauvres mais c'est une piste que peut prendre l'évolution mais elle travaille sur des millions d'années et rien ne dit que dans le futur, il ne puisse y avoir au contraire l'instauration d'une égalité générale entre tous les humains. La différence entre ces deux espèces humaines sera analogue à celle qui existe entre les chimpanzés et les babouins qui peuvent cohabiter puisqu'ils ne sont pas en concurrence pour leurs ressources de vie ni pour leurs ressources de reproduction.

Les théories de Freud et de Darwin sont-ils des croyances? Oui, d'un certain point de vue. Appliquons aux croyances et aux religions, la raisonnement darwinien. Soit une société avec une religion R1 et une autre société avec une religion R2. La religion c'est essentiellement l'aspect sociabilité et non l'aspect technologie. Celle qui l'emporte sur l'autre, imposera tendanciellement sa religion. Quand les espagnols avec une religion R1 et une technologie T1 éliminent les Incas avec leur technologie T2 et leur religion R2, ils imposent la religion R1 grâce à la supériorité écrasante de leur technologie.

Manet2
La technologie et la religion sont associées.

Manet1:
Oui mais c'est le hasard qui est à l'origine de la victoire et non des qualités intrinsèques aux humains d'un des deux groupes.

Manet2:
Nous avons l'impression que nous abandonnons les religions mais pour y revenir plus tard.

Manet1:
On n'abandonne jamais la religion car elle est la croyance qui fait du liant social.

Prenons un cas mineur. Le premier ministre Jospin avait instauré la police de proximité. Le président Sarkozy l'a supprimée en disant que le rôle des policiers n'est pas de jouer au football avec les jeunes des quartiers populaires. L'objectif de cette police c'était de rester en contact avec une population difficile. De l'autre côté, il faut diminuer au maximum le personnel payé par l'État. Qui va l'emporter? D'un côté il y aura une ville avec une police de proximité et de l'autre une ville sans elle. Là où il n'y en a pas, la société devient violente. Mais si grâce à la répression, elle est calmée pour moins cher, c'est cette solution qui sera la bonne. Si la police de proximité n'est pas acceptée et qu'il y a des agressions contre elle, ce ne sera pas la bonne solution. Là encore, c'est le fait du hasard. Dans les deux cas, il y avait une croyance, l'une soutenant la police de proximité et l'autre la répression.

Nous n'avons plus un système général avec Dieu, son fils et tous les personnages de la religion chrétienne. C'est plutôt une religion parcellisée. Mais un jour, peut apparaître un système général.


Manet2:
Nous avons l'impression que les animaux sont libres alors qu'ils vivent en groupe. Mais l'humain est-il libre et est-il fait pour vivre en groupe?

Manet1:
Nous allons continuer notre réflexion sur la sagesse.
IL y a une chose difficile à comprendre: ni le passé ni le futur n'existe. Il n'y a que des vivants au présent.
Quand nous disons que nous allons vers une société de sagesse, comme le futur n'existe pas nous sommes en train de dire que nous sommes dans une situation à l'instant présent qui ne nous plait pas et nous souhaitons qu'elle change. Nous sommes dans un système en évolution. Le changement c'est un problème de ressources. A l'instant, il nous manque des ressources et nous allons en chercher. Cela peut-être de la nourriture ou de la sagesse.

Manet2:
Mais nous n'avons pas la liberté de trouver cette ressource.

Manet1:
Au contraire. A l'inverse du chat qui ne dépend que de lui, les humains dépendent de ceux qui les entourent. Nous prenons notre véhicule que nous n'avons pas construit, nous empruntons la route construite par une société de travaux publics, il faut y mettre de l'essence qui vient de loin.

Manet2:
Tout le monde dépend de tout le monde. S'il y a évolution, elle aura lieu chez tous. Il y a des moments où tout le monde va dans le bons sens et d'autres où il n'y a que des divergences. Il y a donc soit de la paix soit de la crise. Et dans la paix il y a des petites crises et dans la crises il y a des ilots de paix.

Manet1:
On trouve toujours des solutions mais il y a toujours de nouveaux problèmes qui apparaissent. C'est cela l'évolution. Quoique nous fassions, nous nous retrouvons toujours dans un nouveau contexte. Pour la énième fois, nous retournons chez nous par le même chemin. La situation sera toujours différente: qui nous dit qu'il n'y aura pas un accident?
Le darwinisme devient une croyance mais pas systématiquement. Nos entretiens développent de nouveaux champs de réflexion et sortent du domaine de la croyance.

Manet2
Il y a des discutants qui proclament qu'ils sont darwiniens.

Manet1:
Quand un groupe de technologie T1 et de religion R1 est vaincu par un groupe T2 et R2, ce dernier proclame que c'est lui qui a la solution. Mais que vienne un groupe T3 et R3 et qu'il l'emporte, la solution aura changé de camp.
Le darwinisme est à un moment donné un progrès et ensuite il peut-être régressif. Il y a un spécialiste français - Patrick Tort - qui ressasse le darwinisme comme une bible. Il est tombé dans la croyance. Ce n'est pas notre cas car nous sommes en train d'innover dans ce domaine.

- 4 -
Le couple monogamique éternel (suite)

Manet1
Nous avons terminé notre première partie sur ce thème en constatant que dans le couple la quête des ressources de vie et la quête des ressources de reproduction est complètement entremêlée.
Un être humain naît, prend un an chaque année et arrive un jour au terme de sa vie. A chaque âge sa recherche est différente. Plus il est jeune, plus il est parasite et il utilise les ressources qui lui sont apportées par sa famille. Plus il vieillit, plus il maîtrise ou cherche à maîtriser son environnement, plus il a de savoir faire et plus il a de connaissances utiles concrètes et théoriques. Plus on a de biens surtout par rapport au jeune âge. Tout cela sert à vivre. Nous anticipons, nous mettons de l'argent de côté et nous avons construit, parfois, une maison. Donc il y a une grande différence entre un enfant et un adulte en quête de ressources de vie. Par dessus de le marché, un adulte a acquis une place qui lui est reconnu dans la hiérarchie sociale. Le bébé futur SDF et le bébé futur pape se ressemblent fort. A 50 ans, il y a de grandes disparités: il y a le cardinal, l'ingénieur, l'employé, l'ouvrier, l'imbécile, le malin et Rothschild. Les ressources de vie c'est la nourriture de tous les jours mais surtout tout ce que l'on est devenu et tout ce que l'on a acquis. A 60 ans, nous avons un grand nombre d'outils qui nous appartiennent pour vivre, pour la santé, pour les vacances, pour se loger ou s'habiller.

Mais les humains vivent rarement seuls. Vers 18 / 30 ans, intervient la cristallisation. Et les enfants quand ils naissent s'agrègent pour l'éternité au couple. L'humain ne fait pas un enfant pour s'en débarrasser ensuite comme cela se passe pour les veaux sous la mère puis les génisses et enfin les vaches à lait. Il y a fusion entre la femme et l'homme à l'occasion de la reproduction. Il va y avoir une interaction totale et une harmonisation totale entre la recherche des ressources de vie et la recherche des ressources de reproduction. Plus subtilement, toute la fonction reproduction va être réservé au fonctionnement interne du couple. Théoriquement, l'homme qui a potentiellement 80 000 occasions de se reproduire va les réserver à son épouse et elle qui peut donner vie à 40 enfants va les réserver à son époux. Comme aujourd'hui, une famille a en moyenne 2 à 3 enfants, la quête de ressources de reproduction va se traduire par un peu moins de 80 000 coïts théoriques réservés exclusivement à un couple monogamique éternel donné.

Étant donné ces interactions, l'unité en quête de ressources de vie ne sera pas un humain mais le couple. Quand on arrive à 60 ans, l'acquis précédemment décrit n'est pas l'attribut d'un seul humain mais des deux et bien malin celui qui sera capable de dire ce qui revient précisément à chacun. Par contre, ils ne sont pas fusionné physiquement comme des frères siamois et il y a toujours risque de séparation. Comme les ressources de vie et les ressources de reproduction appartiennent aux deux, il est impossible d'en faire un partage égal ou satisfaisant. Il aurait fallu qu'à chaque seconde, ce partage ait eu lieu.

Manet2:
Il suffit de diviser en deux.

Manet1.
Dans le schéma darwinien, il y a un couple qui réussit sa fusion et un couple qui rate sa fusion. Il semble que le premier l'emporte sur le second.
Donc nous assistons à la même défense du couple fusionnel que nous aurons la défense d'un état allemand qui réussit grâce à sa plus forte solidarité.
Nous avons parlé dans notre entretien de deux états:l'un avec plus de sociabilité et un autre avec moins de sociabilité. En général c'est le premier qui l'emporte sur le second, l'assimile ou le fait disparaître. Il l'emporte parce que les gens qui le composent croient dur comme fer que leur modèle est le meilleur. Il n' a cessé de donner satisfaction et on est entré dans un cercle vertueux: plus il me satisfait plus je le soutiens et plus je le soutiens plus il me satisfait. Quand l'allemand va tuer des français, il le fait parce qu'il croit au point d'en mourir que l'entraide lui est efficace.

Manet2:
Dans le quotidien, c'est ce en quoi l'on a confiance.

Manet1:
Nous sommes ici dans la permanence: les états ou les couples éternels.

Manet2:
On agit en groupe par croyance. Nous sommes persuadés du résultat. Cela nous pousse dans ce sens là.

Manet1:
Parce que dans le passé, cela a déjà donné de bons résultats.

Manet2:
Parce que nous pensons que nous allons réussir.

Manet1:
En 1940, lorsque l'armée française s'effondre, qui prend le pouvoir en France? Pétain, Laval, des miliciens pro allemands et des collaborateurs pour qui la France n'est plus le modèle ni la société à défendre jusqu'à la mort. Parce qu'elle a perdu. Puis les anglo-saxons mettent les allemands à genoux, alors il y a un général - de Gaulle - qui avait gardé cette posture et il fait renaître cette attachement des Français à leur société.

Manet2:
Tout cela pour expliquer le fonctionnement du couple!

Manet1:
Oui car aujourd'hui, les couples fusionnels l'emportent sur les couples non fusionnels. Fusionnels et vus de l'extérieur.

Manet2:
Car intérieurement, il y a beaucoup de résignation. On va jusqu'au bout comme ça par manque de courage.

Manet1:
Restons en éthologie. Et ne noircissons pas excessivement le tableau. Si le couple fusionnel était purement négatif, il ne tiendrait pas.

Manet2:
Tout n'est pas négatif quand cela ne va pas.

Manet1:
Il y a des moments où cela marche.

Manet2:
Il n'y a donc pas de solution à la rupture du couple éternel?

Manet1:
La solution c'est que c'est un système qui fonctionne aujourd'hui mais qui ne peut que changer comme nous l'avons vu dans d'autres situations tout au long de cet entretien. De même que tous les couples ne sont pas malheureux parce qu'ils n'ont pas d'enfants car l'éthologie ne dit pas que tel humain doit se reproduire mais que tel autre est en quête de reproduction. On peut tout à fait envisager que des des couples monogamiques éternels de séparent harmonieusement. C'est de toute manière le sens d'une évolution que nous constatons dans le monde. 
 
 

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