dimanche 19 décembre 2010

40° Entretien

40° Entretien
Manet2 et Manet1
25 août 2011

Comportement humain et éthologie




1) Les guerres

 
Manet1: Nous sommes arrivés à un moment où l'une est intéressée plutôt par le comportement de l'humain et l'autre par l'éthologie humaine. Il serait utile de voir quelles différences il y a entre ces deux positions.

Manet2: Ces deux positions se rejoignent. En éthologie on fait des constations et on ne cherche pas à corriger. Parlons des guerres.

Manet1: Celle de 1945??

Manet2: En 1945, c'est un dictateur et un malade qui mène le monde et qui est persuadé qu'il a raison et dans sa maladie cela ne le gène pas de voir tout le monde souffrir. Mais ça peut-être aussi une guerre pour des ressources ou bien des guerres de religion. On a fait l'Europe en 1945 en se disant que les guerres c'était fini: on se rassemble et on discute. Mais cela va tenir combien de temps? Quelles leçons avons-nous tiré des guerres? Le monde n'est pas meilleur.  Il y a ceux qui ont sauvé leur peau, ceux qui croient à la loi du plus fort. Je m'y mets aussi.

Manet1: Il faudrait un exemple.

2) Le quotidien

 
Manet2: 

Ne parlons plus de la guerre mais voyons le quotidien des humains dans une famille, dans les relations de voisinage ou bien au travail. C'est la vie. C'est le pouvoir. Il y a évolution mais en sommes-nous les acteurs? Cela va-t-il mieux? Nous avons l'impression que tout le monde a ce qu'il faut. Mais c'est de l'apparence.

Quand nous abordons l'éthologie, nous avons l'habitude de dire qu'il faut réfléchir sur 7 milliards d'humains. Combien de gens connaissons-nous sur ce nombre d'humains? Nous sommes tous différents. Chaque pays a ses mœurs et ses coutumes. Nous n'avons pas les mêmes besoins. Il y a des pays sous-développés, des pays dominateurs. L'histoire se répète. Ce sera toujours comme cela.

Il fut un temps où je croyais en Dieu mais pas à l'homme. Et encore maintenant, je n'arrive pas à faire confiance à l'humain. Personne ne sait ce qu'il faudrait faire pour vivre heureux ensemble.

Manet1: Le but des humains est de vivre heureux ensemble? Y a t il des gens qui vont dans le bon sens et d'autres non ou bien est ce que tout le monde va dans n'importe quel sens?

Manet2: Il y a de braves gens. Il y a de la bonté. Mais cela ne semble pas tenir. A un moment donné, l'argent peut changer une personne. Plus on est fort et plus on a de pouvoir, plus on oublie les autres. On dit alors que "c'est humain". Nous vivons tous côte à côte mais nous aimons-nous? Nous regardons notre intérêt et notre quotidien. Mais tout le monde est-il satisfait de cela? Cela ne changera jamais. Peu de gens se posent ce genre de questions.

Manet1: Comment savons-nous qu'il y a peu de gens qui se posent ces questions?

Manet2: Ils s'en posent d'autres ou ne s'en posent pas. Nous avançons. Nous sommes dans un étau. Nous réussissons plus ou moins bien. Nous sommes poussés.

Manet1: Pouvons nous dire que nous sommes un peu heureux et que nous pourrions l'être plus?

Manet2: Non. Nous avons la santé. Nos enfants se portent bien. Matériellement, notre situation est bonne. Mais il faudrait que l'humain change. Personne n'est maître de soi. Pourquoi la situation est telle que nous la connaissons et pourquoi cela va-t-il continuer ainsi? Pouvons-nous être maître du monde? Pouvons-nous tout simplement maîtriser quoique ce soit?

Manet1: Veut-on maîtriser une situation ou être heureux?

Manet2: Chacun serait maître de sa situation à la place qu'il occupe! En fait il y a des clans. Le quotidien m'a toujours interpellé.

Manet1: C'est un sujet très vaste.

Manet2: Dans le quotidien, les autres me gênent parfois.

Manet1: Je peux raconter la vie de ma mère séduite et abandonnée par mon père qui a passé mon enfance à se trouver un mari et qui n'y est pas parvenue. Qu'aurait-on pu faire d'autre que ce qui s'est passé?

Manet2: Sa famille aurait pu la laisser en paix!

Manet1: Comment?

Manet2: Des cas comme celui-là il y en a beaucoup. De nos jours, les parents proposent la pilule à leurs enfants et ceux-ci peuvent avorter. Mais à chaque génération, il y a d'autres problèmes.

Manet1: Le bonheur ne peut exister car à chaque génération, les problèmes sont différents. 

Manet2: Tout le monde a raison et tout le monde a tort. En fait tout le monde à toujours raison. 

Manet1: On ne peut jamais changer le cours des choses.

Manet2: C'est une position qui part du principe que le progrès n'existe pas depuis l'âge de la pierre.

Manet1: Pour continuer l'histoire de ma mère, on voit que son fils a ensuite eu tendance à compenser les manques entraînés par sa vie ratée à elle. Donc face à un problème, un humain réagit. Il y a aussi les tempéraments différents: l'un est extraverti et l'autre introverti. Le mouvement est le même. On n'accepte pas les choses: l'un en réagissant contre le milieu l'autre en déprimant ou en cherchant de la consolation.
Mais une fois que l'on a passé un obstacle, un autre se présente ou bien on croit prendre la route agréable et au bout, c'est la catastrophe.
En conclusion, c'est une différence de tempérament plutôt qu'une différence de vision du monde: la recherche du bonheur d'un côté ou le discours éthologique de l'autre.

3) Les guerres
 

Revenons aux guerres. Il y en a beaucoup. En Afghanistan, en Syrie, en Lybie etc ... Quand Khadaffi a pris le pouvoir, il était porteur d'espoir. Puis il est devenu un dictateur. En Syrie, c'est le même processus. La guerre de Hitler est un évènement complexe. En 1939, les Anglais et les Français espéraient que les Allemands se jetteraient sur les Russes et cela les arrangeait et ils ont été démontés lors de l'accord Ribbentrop Molotov. La cause fondamentale c'est que l'Allemagne était la première puissance du monde et ne parvenait pas à l'imposer. C'est alors qu'un fou a pris les rennes du pouvoir. Il est arrivé au pouvoir parce que Guillaume II s'était fait battre en 1918 et qu'il y avait un vide de pouvoir béant. Les Anglo-Américains ont bombardé de fond en comble le pays et il a fini par se calmer.

Que dire des guerres de Louis XIV? Il voulait un territoire plus grand. Disons-nous aux Maubeugeois qu'il faut rendre la ville aux Belges! Il y en a peu qui accepterons. Derrière le Roi Soleil, il y a les Français.

Manet2: Cela se répète et cela se déplace. Cela ne changera jamais!

Manet1: Qu'aurait-il fallut faire à l'époque de Louis XIV?

Manet2: Qu'en pensaient les gens à cette époque?

Manet1: A cette époque, ceux qui vivaient dans des zones de guerre en souffraient et ceux qui vivaient ailleurs, n'en savaient rien. On en revient à ceci: l'un est révolté et l'autre trouve cela normal.

Manet2: Pourquoi ne s'améliore-t-on pas?

4) Le progrès
 

Manet1: En 1945, on a inventé la sécurité sociale. C'était un progrès. En échange d'une somme prélevée sur le salaire, tous les frais de maladie sont pris en charge par la Caisse d'Assurances Sociales. Avant ne survivait que celui qui était riche. Aujourd’hui, une personne est à l'article de la mort et des sommes importantes sont dépensées pour la maintenir en vie, vainement. Voilà un progrès qui évolue dans le mauvais sens.

Manet2: Non, on trouvera une solution à cet abus et le progrès sera confirmé. Il faudra un bouleversement de l'éducation et de la morale. Dans le passé, on tuait plus de gens que de nos jours. Quand on envoyait des gens dans la fosse aux lions! En prison, les gens sont mieux traités que dans le passé! On tuait dans le passé, dans la Bible, pendant les guerres de religions.

Manet1: Donc il y a un progrès: au temps de Rome, on envoyait des innocents dans la fosse aux lions. Il y avait des centaines de gens qui regardaient cela et qui trouvaient que c'était normal.

Manet2: C'est la première fois que nous acceptons la notion de progrès.

Manet 1 : Si aujourd'hui nous parlons de progrès humains c'est parce que nous sommes  très nombreux. Il y a de moins en moins de morts par rapport aux vivants. A chaque seconde la différence entre les vivants et les morts est de deux: chaque seconde la population augmente de deux humains. Le progrès c'est que les humains ont constaté qu'il était préférable de travailler ensemble plutôt que de se battre pour acquérir leurs ressources de vie.

Manet2: Mais nous n'évoluons plus dans ce bon sens.

Manet1: Non: en 2050, nous serons 10 milliards.

Manet2: L'humain devrait être encore meilleur. Tout le monde est plus instruit mais chacun exige toujours plus pour soi en partie au dépend d'autrui. Pourquoi les uns sont plus riches et les autres plus pauvres? Cette inégalité fait souffrir les gens.

Manet1: C'est un constat: plus il y a d'humains, plus la disparité entre les extrêmes est importante. Cela paraît inexorable. On en parle mais il n'y a pas de guerre ou de manifestations monstres comme dans les années 60 et 70.

Cette règle - ne pas se tuer augmente les représentants de l'espèce - est vraie pour tous les animaux et même tous les vivants.  Si tous les humains quittaient le territoire de la France, les populations des sangliers, des loups, des ours et bien d'autre y compris le nombre des arbres repartiraient en hausse. Il y en aurait des millions. L'augmentation de la population n'est pas lié au progrès moral: cela vient du simple constat que travailler ensemble est plus efficace que de se tuer. Si les humains ne se tuaient pas mais que la population n'augmentait pas, ne pas tuer ne serait pas considéré comme un progrès car il n'y aurait pas de progrès, peut-être...

Conclusion

Manet2: En fait l'éthologie et l'observation du comportement humain se rejoignent. Mais en éthologie, on s'arrête aux faits et on constate. Il y a des choses qui ne plaisent pas mais cela n'entre pas en ligne de compte.

Manet1: Nous sommes arrivés à la conclusion que moins se tuer ce n'était pas un progrès mais un signe d'intelligence car deux personnes ensemble font plus que deux personnes chacune de son côté. On peut dire que dans ce cas un homme plus un homme c'est plus que deux hommes. C'est l'origine de la notion de "travail" chez l'humain. Le travail, c'est la recherche des ressources de travail en groupe ou en société. Il faut être 100 000 ou plus pour faire des voitures aujourd'hui. Une fois que les voitures sont vendues, il y a distribution des ressources de vie sous forme principalement de salaires et d'argent vers tous ceux qui les ont produites. Lors du travail, on va demander à chacun la contribution qu'il est capable de donner selon sa place dans l'organisation éthologique. On va demander au P-DG de diriger et au technicien de faire de l'assemblage. Ces deux humains auront contribuer à faire environ 1 million de véhicules. Une fois les voitures vendues, le P-DG recevra quelques millions d'euros et le technicien environ 2000 par mois. Cela se passe en 2010. 2000 ans avant JC, deux groupes se font la guerre pour s'emparer des bêtes que l'un des deux a chassé.

Manet2: C'est de la lutte pour la nourriture.

Manet1: Non, c'est plus général, pour les ressources de vie. Car ils se font la guerre également pour des bijoux, des peaux sur le dos, une caverne ou un lieu de vie plus agréable.

Manet2: Nous vivons différemment aujourd'hui...

Manet1: Aujourd'hui nous sommes 7 milliards. Si à Maubeuge nous n'étions que 100 nous vivrions comme il y a 100 000 ans.

Manet2: Avec toute la technologie...

Manet1: Si nous étions 100, il n'y aurait pas de voitures ni de routes. Nous ne pourrions entretenir les routes.

Manet2: Cela n'existera plus!

Manet1: C'est un faux problème car on ne connait jamais l'avenir. Quand on va en Australie et que l'on regarde la vie des aborigènes, peut-être était-il plus nombreux dans le passé.

Manet2: C'est le manque de ressources de vie qui fait qu'ils sont moins nombreux aujourd'hui?

Manet1: Partons d'exemples concrets. Il y a au fond de l'Amazonie des groupes humains très réduits et qui continuent à se rétrécir. Ils se sont enfoncé dans les forêts pour ne pas être en contact avec les Européens. Et plus les Blancs augmentaient plus ils s'enfonçaient dans la forêt.

Manet2: C'est peut-être un choix de leur part de disparaître petit à petit. Et comme il y a de moins en moins de ressources, ils diminuent.

Manet1: Non, leur objectif est d'éviter le contact avec les blancs. Ils ne maîtrisent pas les ressources de vie.

Manet2: Mais personne n'adoptera leur mode de vie.

Manet1: Deux groupes se rencontrent, l'un ne cesse d'augmenter tandis que l'autre ne cesse de diminuer.

Manet2: Nous ne ressentons pas les choses de la même façon.

Manet1: Il y a des choses qui te révoltent définitivement. Mais tout le monde a raison.

Manet2: Tout le monde existe et tout se passe comme si tout le monde avait raison. Mais ce n'est pas possible. Si nous voulons que les choses changent dans la prison c'est parce que nous avons des convergences. Quand nous discutons éthologie, nous pensons à une dynamique générale des humains. Nous analysons la vie des prisonniers et essayons de voir où nous pouvons agir. Si une personne arrive en prison, c'est naturel. Si elle se réinvente, elle peut en sortir. Nous avons parlé de l'art thérapie et Jimmy Boyle, un gangster de Glasgow qui avait été emprisonné à Barlinnie en Écosse.

Manet2: Certains s'en sont sortis parce qu'ils ont eu une main tendue et quelqu'un de bon en face. Pour l'humain, il suffit parfois d'un petit geste pour le transformer. Je suis là pour cela.

Manet1: Nous sommes un fil de soie. J'attends de l'éthologie qu'elle m'indique ce sur quoi je peux jouer.

Manet2: Dans l'éthologie, tu te manifestes.

Manet1: Si nous gardons le contact, nous pourrons éviter une guerre entre humains. Sinon, nous nous battrons. Dans toutes les guerres, il y a des pillages et des viols. Il y a quelques années, on nous a raconté que les Américains avaient violé des Allemandes en 1945, pendant l'occupation alliée. Au lieu de rester sur un plan moral: "l'humain est mauvais" on se dit c'est normal donc comment l'éviter. Il faudra rejeter la position "on n'y peut rien" ou la position " tous les humains sont des salauds" et se demander comment éviter cela. De la même manière où un jour des humains se sont dit il faut cesser de se battre pour travailler ensemble. Pour éviter les viols, il faut éviter les guerres.
Et nous voyions qu'il y a de moins en moins de guerres. Imaginons que Paris soit bombardé ces jours ci. Plus de routes, plus de métros, plus d'électricité, plus de téléphone, plus de commerces...

Manet2: Ce qui s'est passé dans les pays arabes, c'est bien une guerre!

Manet1: On appelle ces guerres des guerres civiles.

Manet2: Il y en a eu beaucoup de ces guerres dans le passé?

Manet1: La Révolution Française! Nous avons coupé la tête à Louis XVI. On a massacré ses gardes suisses.

Manet2: On y revient.

Manet1: On retrouve nos deux petits groupes qui décident de ne plus faire la guerre mais de travailler ensemble. On crée un grand groupe avec des dirigeants, des riches, des moyens, des pauvres et des miséreux. A un moment donné cela fonctionne: chacun accepte plus ou moins sa place. Et quelques fois cela ne fonctionne plus. Et alors arrive une révolution qui remet tout en question de bas jusqu'en haut ou bien des jacqueries où un village, une région ou une certaine catégorie de la population se met en guerre. Ils tuent leurs seigneurs, créent une armée et essaie d'entraîner d'autres gens. En Tunisie ou en Égypte, ce sont de pays pauvres alors que leurs dirigeants étaient à la tête de milliards de dollars.

Manet2: Quand on est dans la guerre, on défend sa peau. Mais qui fait la guerre la femme ou l'homme? Quand les femmes dirigeront il n'y aura plus de guerre... Il y aura d'autres choses.

Manet1: Le travail et la guerre se ressemblent: le travail, c'est l'acquisition sociale des ressources de vie et la guerre c'est la lutte sociale pour ces ressources. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire