jeudi 16 décembre 2010

37° entretien

Entretien 37
15 juin 2011




Relecture du plan du livre "Réconciliations".

Manet1:
Pourquoi ne pas choisir le titre « Réconciliations »?
 
Livre 1,
Réconciliations de l'Univers et du non-vivant du big bang à la « fin du monde, de moins 13,7 milliards d'années à plus 13,7 milliards d'années. Comment se sont crées tous les éléments du tableau périodique? De l'infiniment grand à l'infiniment petit.
 
Livre 2
Réconciliation de tous les vivants. Il y a deux à trois milliards d'années apparaissent les cellules avec ADN. Les végétaux et les animaux se séparent. Apparaissent les multicellulaires végétaux et animaux. Pour chaque espèce, toutes les autres espèces sont des ressources de vie. Les ressources de reproduction amènent chaque espèce à se reproduire le plus largement possible. 
Les séquoias se reproduisent jusqu'à recouvrir la Terre de séquoias, les moustiques de moustiques et les humains d'humains.

Manet2:
Tout se reproduit.

Manet1:
Oui mais une espèce se reproduit en sorte d'occuper tout l'espace disponible voire même toute la Terre. 

Manet2:
Les humains occupent toute la Terre. 

Manet1:
Nous disons cela car nous nous intéressons surtout aux humains. Et les humains vivent plutôt ensemble. Quand ils naissent, ils ne quittent pas leurs semblables pour vivre seuls au milieu de tous les autres vivants. 

Continuons.
La lutte pour la vie est un cercle vertueux: ne vivent que ceux qui vivent. Ceux qui se suicident ont beaucoup moins d'enfants que ceux qui ne se suicident pas. Donc ceux qui décident de vivre transmettent plus leur désir de vivre que ceux qui désirent mourir. 

Le plus adapté d'une espèce l'emporte sur le moins adapté selon la même règle. 
L'animal se différencie du végétal par son cerveau et le rôle de celui ci dans la quête des ressources de vie et de reproduction. 

Livre 3: Réconciliations des animaux.
Le cerveau joue un rôle plus ou moins important dans chaque espèce. Aujourd'hui, il y a des animaux qui disparaissent et d'autres qui augmentent de manière importante comme l'humain par exemple. Ne pas oublier les éponges, les oursins, les huitres etc.. Tous sont contemporains car ils vivent actuellement. Ils sont donc tous aussi adaptés les uns que les autres. S'il y a des huitres, c'est que l'évolution leur a fait traverser les 3 milliards d'années qu'existent les vivants. Les huitres sont devenus huitres et les humains, humains.
C'est surtout les grands animaux qui disparaissent et les primates. Qu'est ce que l'éthologie?

Livre 4: Réconciliations des humains.
Après l'univers, les vivants et les animaux nous parlons des humains. Dans chaque texte, on met en avant ce qui commun à tous. Par exemple la quête des ressources de vie et des ressources de reproduction concernent tous les vivants et pas seulement les humains.

Chez les humains, il faut parler de l'arbre, de la main et de la sociabilité et le passage du cerveau de 500 à 1400 g. On passe en revue les différentes espèces humaines depuis Lucy il y a 3 millions d'années. Puis la mise à feu de la bombe démographique. Nous ne savons pas combien il y avait d'australopithèques à l'époque de Lucy mais nous pensons qu'il y a avait environ 200 000 homos sapiens qui ont quitté l'Afrique il y a 150 000 ans. Puis les différentes étapes de la progression des humains. Par exemple, il traverse le détroit de Béring à pieds parce qu'à cette époque le niveau des eaux des océans est 100 m en dessous du niveau actuel et ne commence le peuplement des Amériques que vers - 25 000 ans. Les Indiens ont les yeux bridés parce qu'ils descendent de la branche asiatique des humains.

Il y a 10 000 ans, invention de l'agriculture et de la domestication qui annonce l'élevage. Puis, il y a 3 000 ans, mise à feu de la bombe industrielle. Il y a 2000 ans, autour de l'an 0 de l'ère chrétienne, nous sommes entre 300 et 400 millions.

Quel est à présent le sujet du 37° entretien?

Manet2:
Nous étions en train de revenir sur le début de nos entretiens. Ce qui  m'interpelle c'est ma mission de visiteuse. Pourquoi des personnes entrent en prison? Que se passe-t-il ensuite en prison? La société est fort critiquée. Or nous en faisons partie. J'apprends à connaître des détenus. Certains ont besoin d'aide mais ils ne le disent pas. Ils ne savent pas nous l'expliquer. Le visiteur n'a aucun pouvoir mais il est le mieux placé pour voir ce qui se passe. Il y a des lois qui ne sont pas appliquées. On essaie d'endormir les citoyens

Autour du détenu, il y a l'administration pénitentiaire, les entreprises privées, les surveillants qui par certains côtés vivent également en détention. Ils sont là pour certains d'entre eux que parce qu'ils n'ont pas trouvé autre chose. Ils ne sont pas formés. C'était la règle dans le passé. Aujourd'hui, certains détenus ont fait un chez soi de la prison.

Notre regard est différent de celui des autres: c'est un regard humain. Ce n'est pas le cas de celui qui travaille en prison. Il y a un Conseiller qui me disait que le détenu doit savoir s'assumer. Notre regard différent porte également sur le surveillant. Nous constatons qu'il n'est pas formé. L'ENAP c'est un grand mot pour peu de chose. On ne les y motive même pas. Les surveillants s'en rendent compte. Ils se trouvent dans des situations très difficiles: personne n'est fait pour être enfermé. Mais les humains enferment des humains.

Il faudrait tout changer! C'est impossible!

Nous tournons en rond. L'administration pénitentiaire n'évolue pas de son plein gré mais parce que les choses évoluent. Donc elle ne travaille pas suffisamment. C'est mal géré. Il n'y a pas de coordination. Les détenus s'en aperçoivent. Après leur passage à la prison, il devrait y avoir un changement. Aucun des intervenants professionnels en prison ne fait de l'écoute. Quel travail font les psychologues? La prison reste la prison. Chaque détenu a un minimum de confort. La population s'appauvrit: avec 20 euros, elle n'a pas d'argent pour aller chez le médecin. Comment peut-on comprendre la défense du détenu telle qu'elle est vécue à l'ANVP? Elle ne tient pas compte de la prison et des surveillants car la politique de la prison, c'est le surveillant. Ils se détestent parfois entre eux mais s'unissent comme un seul homme contre le détenu. Ceux qui agissent humainement vivent dans la peur de se faire attaquer.

Nous, nous voulons plus que le détenu... pas lui. Il y a un détenu qui reçoit des lettres du Courrier de Bovet d'une personne qui fait le tour du monde et lui envoie des photos et des cartes postales. Il n'a qu'une sœur et il a apporté son album de photos. Il a dit tout à l'heure qu'il avait la réponse à une question que sa VP lui avait posée. Il est difficile de dire s'il sortira un jour de prison. Il est dans le déni total et ne veut voir ni juge ni personne d'autre. Il sait qu'il va rester en prison et il s'y est créé une vie. Il a ses amis et son travail. Mais ce qui le fait vivre c'est l'échange de correspondance au travers du Courrier de Bovet. Il a parlé de sa visiteuse deux fois dans ses lettres. Il a un passé très lourd. Sa sœur unique est directrice d'école et elle a trois enfants et une belle propriété à la campagne. Elle vient le voir une fois par mois. Il est instruit car il a fait des rencontres intéressantes. Il a de la mémoire et il dessine bien. On ressort dynamisé par une telle rencontre. La conclusion: il devrait y avoir une éducation en prison.

Ce besoin d'éducation est au fond de moi.

Manet1:
Nous avons besoin après ce vaste tableau de relations humaines de revenir à l'éthologie.
Commençons par le surveillant. Nous sommes en 2011. Nous sommes à 3 millions d'années de l'époque de Lucie. Les humains sont le résultat d'une évolution ...

Manet2:
Dans le passé, on mettait en prison celui qui était hors norme, celui qui ne plaisait pas. Mais ce n'était pas pour autant un bandit.

Manet1:
Cela peut être vrai de nos jours également. Dans la passé on mettait en prison des innocents. On parle d'une catholique pakistanaise qui aurait blasphémé contre la religion musulmane. Elle attend d'être exécutée. Elle est innocente selon les critères européens mais pas au Pakistan. En Arabie saoudite, tout homme qui voit une femme conduire une automobile peut s'en prendre à elle. Pour la société saoudienne, la femme qui conduit est de toute évidence une personne coupable d'un délit ou un crime comme nous l'estimons pour les européens qui commettent des délits et des crimes. La population va peut-être arrêter la femme, la conduire au commissariat ou la battre. C'est une impulsion spontanée d'une personne qui pense être dans le droit et dans les respect de la justice.

Dans le passé comme dans le présent, il y a en prison des innocents et des non-innocents comme les assassins, les voleurs, les violeurs. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire