lundi 13 décembre 2010

34° entretien

34° entretien
Manet 1 et Manet2


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Humain isolé ou en groupe 
et 
lutte pour les ressources de vie.

Manet2: Il y a 6 personnes qui parlent du nucléaire et 6 vérités vérités différentes. Cela me perd. Tout le monde profite de l'énergie nucléaire.

Manet1: Nous avons d'autres exemples qui génèrent des débats aussi contrastés comme la thalidomide ou le médiator. On cherche en permanence à améliorer la santé et la durée de vie des humains. Un jour, on s'aperçoit que le produit est nocif mais on veille à ce que cela ne sache pas.

Manet2: Nous ne cessons de critiquer le nourriture ou les médicaments. Mais la durée de vie s'allonge. Même si certains deviennent grabataires et qu'il y a plus de cancer, ce n'est pas une généralité. Dans le passé, les personnes qui vivaient longtemps étaient peu nombreuses. Il est difficile de se faire une opinion simple.

Manet1: Il y a quand même un élément objectif pour montrer que cela va de mieux en mieux pour les humains, c'est l'irrésistible augmentation de la population humaine depuis l'an zéro et surtout cette série de milliards tous les 15 / 20 ans depuis 1929. C'est un succès immense: les humains ont trouvé un terrain favorable. Mais peut-être avons nous atteints des limites. En ce qui concerne la nourriture, la transparence sur les composants est de moins en moins respectée: on parle d'huile végétale bien connoté au lieu de huile de palme moins bien vue.

Il y a une seconde difficulté. Elle est liée à l'amortissement des coûts de conception et de fabrication de tout produit. Pour faire des économies d'échelle, les entreprises produisent de grandes quantités et il faut les vendre coûte que coûte. Or le progrès s'accélère et les innovations s'accélèrent avec des chutes de prix importantes. Les chefs d'entreprises essayent alors de retarder la sortie de produits plus compétitifs afin de se débarrasser de leurs anciennes séries.  Pour les médicaments, c'est un peu différent. On produit de grandes quantités et on s'aperçoit alors que c'est néfaste. Si on retire le médicament de la vente, la société va faire d'énormes pertes. Elle essaye donc de vendre tout ce qu'elle peut en faussant les informations sur la qualité du produit actuel. Le retour sur investissement est nécessaire à la viabilité de l'entreprise qui distribue, entre autres, des salaires.

Manet2: Les laboratoires c'est une sorte de mafia de la médecine qui ne se soucie pas de la santé des humains.

Manet1: Non. Parlons un peu de l'industrie de l'armement. Si l'on pose des questions autour de soi on ne rencontre que des pacifistes. Tout le monde veut la paix. Et pourtant la France est contente quand elle vend des Rafales, des lance-roquettes, des mitrailleuses, etc ... Les employés des usines d'armement sont sympathiques et ils ne viennent que chercher leurs salaires. Dans les laboratoires, on rencontre les mêmes gens sympathiques.

Manet2: Ce n'est qu'une petite poignée qui agit mal.

Manet1: La petite poignée d'hommes qui dirigent une entreprise c'est la manière dont les humains organisent le travail: c'est la quête des ressources de vie chez des animaux sociables. Et cela passe par une organisation hiérarchique où à la direction on trouve un petit nombre de gens qui gagnent bien plus que les autres. Cela donne ailleurs, un roi ou un président. On produit un Sarkozy comme on produit une reine des abeilles. On lui donne de la gelée royale. Et grâce à ce produit miracle, une abeille au lieu de devenir ouvrière se mue en reine  qui pondra un million d'œufs et n'ira jamais butiner les fleurs. A un moment donné, la ruche s'aperçoit qu'elle va avoir besoin d'une reine et automatiquement on bascule sur ce programme.

Chez les humains, il faut un président et il y en aura un, Sarkozy ou un autre. Les humains fonctionnent avec un cerveau qui fait la synthèse des autres cerveaux. Il n'est pas plus malin qu'un autre et il a les mêmes problèmes que les autres humains: mal de dos, déjeuner qui passe pas ... Au lieu d'avoir une réunion de temps en temps, il en a en permanence du matin jusqu'au soir. Mais il aime ça!

Manet2: Cela fait partie de son choix.

Manet1: Il n'a pas vraiment choisi. En éthologie, tout est du au hasard.

Manet2: On n'est pas allé le chercher: il était sur la liste.

Manet1: Il ne serait pas là, il y en aurait un autre.

Manet2: Tout le monde n'a pas la volonté et le désir de devenir président. Tout le monde ne peut pas l'être.

Manet1: Mais si: il suffit de mettre de la gelée royale. Dans le passé, c'est le fils du roi qui lui succédait. Quel était son avantage: d'être né de l'union du roi et de la reine. Et dès son enfance, il consommait de la gelée royale.

Manet2: Il baignait dedans.

Manet1: La dessus, on retrouve le film de Chatiliez sur "la vie est un long fleuve fleuve tranquille" où un Le Quesnois et un Groseille sont substitués à la naissance et se retrouve l'un dans l'autre famille. Et le Groseille reçoit la gelée royale et change de classe.

Manet2: Il est difficile de voir les choses de cette manière.

Manet1: C'est le point de vue de l'éthologie. C'est par hasard que nous sommes ici.

Manet2: Dans la vie, nous faisons des choix.

Manet1: Si la vie n'accepte pas ce choix, il est caduque. Si nous disons que nous voulons une Rolls Royce, on peut toujours le dire, elle ne viendra pas pour autant. On ne fait de choix que dans le champ de nos possibilités. Je choisis de manger ce midi. Sinon, je meurs.

Manet2: C'est une habitude.

Manet1: Les autres choix sont du même type. Propose un grand choix!

Manet2: Le choix que fait une femme d'aimer un homme et de s'unir à lui.

Manet1: La femme fait le choix de ce qui est possible. Donne un grand choix où tu a été la décideuse!

Manet2: C'est impossible. Mais toi, tu as pu faire des choix.Donc, il faut se laisser vivre?

Manet1: Quand on se laisse vivre, le hasard continue à jouer son rôle primordial. Se laisser vivre, c'est un choix. On reste à la maison et on attend que  le centre commercial apporte spontanément la nourriture de la semaine. On attendra longtemps.

Manet2: Je suis obligé d'aller au centre commercial. C'est le quotidien et les habitudes.

Manet1: L'éthologie dit que l'humain a besoin de ressources de vie et de ressources de reproduction.

Manet2: C'est quoi le hasard?

Manet1: C'est par hasard que nous habitons dans cette commune ou que nous sommes assis l'un en face de l'autre pour cet entretien. Au même moment où se déroule cet entretien, il y a 7 milliards d'humains qui agissent. Et s'il n'y pas de hasard, qu'y a t il d'autre?

Revenons à notre débat sur le fait que les laboratoires sont dirigés par une maffia. Nous avons alors parlé du pacifisme des humains qui fabriquaient des armes. Il y a aujourd'hui des révolutions dans les pays arabes, or toutes les armes qu'ils utilisent sont fabriquées en dehors de leurs frontières. Pourquoi les pacifistes vendent-ils des armes à ces états?

Manet2: Ce sont les affaires. C'est l'argent.

Manet1: L'argent c'est tous les humains.

Manet2: Tous les pays n'ont pas les mêmes ressources.

Manet1: Tous les vivants donc tous les humains ont besoin de ressources de vie et de ressources de reproduction. Tous les jours, il faut se nourrir, se vêtir, dormir, se transporter et travailler.  Pour acheter une maison, un humain doit produire, selon son emploi, des briques, des dossiers, des kilos de saucisses. Mais pour échanger, il faut de l'argent car on ne peut venir sur le marché avec toutes les briques, tous les dossiers ou toutes les saucisses de la journée. On fait des armes parce qu'on doit donner de l'argent à des humains qui ont besoin de ressources de vie et qui viennent travailler dans l'usine d'armes. Les humains qui viennent dans une usine d'armes n'y viennent pas pour tuer d'autres humains.

Manet2: Pourquoi fait-on des armes?

Manet1: Bonne question. Pourquoi?

Manet2: Parce que l'on veut s'emparer des autres humains.

Manet1: Des noms!

Manet2: La France intervient en Libye pour empêcher un dictateur d'anéantir sa nation.

Manet1: Si on ne lui avait pas vendu d'armes, il n'en serait pas là. Tous les humains des pays riches produisent des armes. Pourquoi fabrique-t-on des armes?

Manet2: C'est une défense.

Manet1: Une défense contre quoi?

Manet2: Contre d'autres hommes.

Manet1: il y a donc des bons et des méchants?

Manet2: Cela a toujours été pour se défendre. Il y a 2000 ans, on cherchait la nourriture et on écartait les concurrents. On voulait avancer et posséder.

Manet1: D'accord: les humains ont besoin de ressources et dans certains cas, ils en viennent à se battre les uns contre les autres. Quand ils n'avaient que leurs mains, ils se battaient avec leurs mains. Chez les animaux non-humains, le loup se bat avec ses canines et ses griffes c'est-à-dire qu'il se bat avec son corps. Les humains ont inventé la pierre taillée puis la pierre polie. Aujourd'hui encore, chez les peuples arabes, la pierre est une arme très dangereuse. On racontait à la radio comment avec une pierre, un combattant avait réussi à tuer un sniper - un tirailleur embusqué. Et c'est un signe que ces peuples sont à une époque technologique différente de celles d'autres humains. Le jet de pierre en grand est un reste de l'âge de la pierre.


Quand à l'idée qu'on utilise une arme pour se défendre, c'est abusif. Hitler a envahi la Pologne parce qu'un commando polonais avait attaqué une station de radio allemande. Même les plus grands conquérants ont toujours tendance à se faire passer pour de justes défenseurs. En 1848, les Français se sont emparés de toute l'Algérie parce que c'était un nid de pirates.

En conclusion, les humains se battent et pour se défendre et pour attaquer parce qu'ils ont besoin de ressources de vie. Si la ressource est en petite quantité, l'un des deux humains, s'il n'y en a que deux ou l'un des deux groupes d'humains doit céder la place ou disparaître. L'attaque en général c'est la meilleure défense car on peut bénéficier de l'effet de surprise. Mais la défense peut-être la meilleure si l'attaquant à surévalué ses propres forces.

Manet2: dans le cas de la Lybie, c'est pour la paix que les Français interviennent. Et derrière, il y a le pétrole.  Et puis l'économie doit continuer.

Manet1: Les armes et les armées sont liées à l'organisation sociale des humains. Le chat ou le tigre attaquent toujours seuls. Les lionnes chassent en bande.  Chez les humains, tout est socialisé. Il y a des armes parce qu'ils sont sociables. Un humain seul n'invente pas le fusil. Les armées et les guerres ce sont toujours des groupes contre des groupes. Chez le chat, c'est un individu contre un individu et c'est un corps contre un autre corps sans arme. Mais le contexte est le même: on se bat pour des ressources de vie. Une fois que l'on s'est emparé de celle de l'ennemi, elles sont redistribuées aux humains du groupe victorieux.

Donc les dirigeants des laboratoires ou du nucléaire, ce ne sont pas des maffiosi.

Manet2: Mais pourquoi ceux qui sont en haut, qui sont intelligents gèrent uniquement pour obtenir de l'argent.

Manet1: Reprenons le modèle de base: il y a deux humains en concurrence pour une ressource. Il y en a un qui cède ou qui meurt. Il faut comprendre cela dans la concurrence entre deux groupes. Il n'y a qu'une ressources pour un groupe. Il faut que l'autre cède ou meurt. Les personnes du groupe attendent des chefs qu'ils leur donnent la victoire, que ce soit Napoléon attaquant les Russes ou Servier attaquant le marche des médicaments contre le diabète. Si personne n'avait dénoncer le médiator, les employés de Servier continueraient à en produire.

Aujourd'hui, nous ne savons toujours pas si les ondes radio du mobile sont dangereuses mais le personnel d'Orange n'est pas le premier à se poser la question. Parce que son souci c'est d'éliminer le concurrent de sa ressource de vie.

C'est le schéma général de tous les vivants.

Manet2: Donc on ne peut pas vivre paisiblement.

Manet1: On lutte paisiblement: en général il y a immensément plus de ressources que de besoin et la lutte n'a lieu que contre les autres espèces vivantes qui nous servent de ressources - animaux et plantes.

Mais s'il y a des pénuries, il y a lutte entre les vivants d'une même espèce. On peut dire que toutes les guerres et tous les combats qui font l'histoire des humains correspondent à ce schéma: soit au moins deux groupes et en face une ressource pour un seul groupe. Intervient un conflit qui se termine quand il n'y a plus de pénurie. Les résultats de ces conflits sont immensément variables depuis la disparition des deux groupes jusqu'à une forme de victoire pour les deux groupes. En règle générale, la situation est même plus complexe car il peut y avoir plus que deux groupes en jeu et dans chaque groupe, on peut trouver des sous-groupes qui changent de camps à un moment donné.


Si nous jetons un regard sur les 7 milliards d'humains, on y trouve de vastes zones de paix. Dans ces zones de paix, il n'y a pas de conflits ouverts pour les ressources. Mais il y a des zones de guerres et là il y a lutte pour des ressources.

Manet2: En Libye, la population ne meurt pas de faim. Le colonel Khadaffi savait lâcher du lest quand c'était nécessaire.

Manet1: C'est vrai: chaque vivant a besoin de ressources de vie. Mais quand un vivant se trouve dans un groupe, il vise également à augmenter la dimension du groupe par le simple fait que s'il est à l'aise, il fait des enfants et on se retrouve devant trois scénarios: à la génération suivante, il y a moins d'humains, autant d'humains ou plus d'humains qu'à la précédente. Dans ce dernier cas de figure, il faut plus de ressources.



Manet2: L'humain ne calcule pas!

Manet1: Il calcule pour ce dont il a besoin. S'il est en expansion, il en veut plus. Un groupe aura donc toujours tendance à maximiser.

Lors de la révolution agricole, il y a encore des chasseurs cueilleurs. Ces derniers se déplacent en quête permanente de nourriture. Ce mode de vie limite le nombre de ses enfants: un enfant sur le dos du père, un enfant derrière le père et un enfant dans le ventre de la mère. L'agriculteur est sédentaire: plus il a d'enfants plus son champ est grand et plus son champ est grand, plus il a d'enfants. Au début de l'agriculture, l'espace est illimité et il dépend du travail que l'on peut fournir. Et le jour où l'espace est limité, le nombre d'enfants permet d'être plus fort quand il y a conflit.

Donc quand on est dans un  groupe, le groupe a tendance à maximiser ses ressources avec un résultat sous-jacent, la disparition du concurrent.

Les Européens qui arrivent en Amérique du Nord, éliminent complètement les Indiens.

Manet2: Ce n'est pas tout le monde qui décide. Ici on a l'impression que tout le monde décide. Quand on travaille, on subit les décisions. On n'est pas d'accord avec tout.

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Maximisation des ressources 
d'un groupe

Manet1: Dans une entreprise, il y a les femmes de ménage, les employés, les contremaitres, les cadres, les directeurs et le PDG. On agit en fonction du niveau de conscience. Quand on n'est pas d'accord, il y a toutes les formes de grèves possibles. Chacun contribue en fonction de la place qu'il occupe et chacun est nécessaire là où il est. Servier gagne beaucoup d'argent et il grandit.

Manet2: Dans le passé, on ne savait pas qu'une entreprise agissait mal.

Manet1: Non, il y a plein de gens qui se font berné par toutes les grandes marques que nous connaissons et sur la composition du produit et sur son prix.


Le conflit ne se fait pas seulement avec des armes, il y a aussi la ruse.

Aujourd'hui, nous connaissons bien toutes les plantes dont nous nous nourrissons. Il a fallu les tester. Nos ancêtres primates en avaient déjà testé une partie. Maintenant, les humains inventent de nouveaux produits. Nous commençons à utiliser le nucléaire. On s'est aperçu qu'il était cancérigène que le jour où il y a eu des décès. Pierre et Marie Curie ne le savaient pas. Et c'est en faisant du nucléaire civil qu'on s'aperçoit qu'il y a des choses que nous ne maîtrisons pas. La génération suivante ne commettra plus cette erreur. Notre connaissance sur les produits néfastes ou non s'agrandit. C'est ainsi que l'on a découvert la pénicilline.

Manet2: Avec le nucléaire, peut-on revenir en arrière.

Manet1: Nous sommes 7 milliards et le nucléaire y contribue certainement. En France, le nucléaire produit 82% de l'électricité. Si nous l'arrêtons, l'économie du pays va être diminuer par 5. C'est impossible. Il y aura 80% de la population au chômage. Même si le nucléaire nous tue, on ne peut rien faire.

Manet2: On ne pourrait se passer de tant de choses!

Manet1: On dit que Carlos Ghosn gagne 9 millions d'euros pas an et que la fortune de Bill Gates est de 40 milliards de dollars. Mais cet argent ne reste pas dans un bas de laine. L'un et l'autre le dépensent et l'un et l'autre font marcher l'économie. Mais c'est une production adaptée à leurs attentes. Si on distribuait cet argent aux pauvres, ceux-ci achèteraient des biens de première nécessité et orienteraient l'économie dans ce sens. Dans les deux cas, cela donnent du travail aux gens, mais un travail différents: pour les pauvres alimentation et vêtements et pour les riches: luxe en tout genres, bijoux, châteaux, vêtements et services.

Dans la civilisation agricole, la production est dehors: arbres fruitiers et champs cultivés. Dans le système industriel, les ressources sont faites par les humains.

Les conséquences sont les mêmes pour tous les vivants. Soit une mer où vivent de grands bancs de harengs et de sardines sur une longue période. Des colonies de phoques et de dauphins s'y installent. Un jour, les courants changent. Les harengs et les sardines s'en vont et les colonies de phoques et de dauphins disparaissent. Chez les humains, on a découvert l'agriculture et la population est passé de 10 à 400 millions d'habitants. Et puis apparaît l'industrie, et les humains passent de 1 à 7 milliards. Ce saut est possible à chaque fois parce que l'on a trouvé des ressources. Et le jour où les ressources disparaissent, on se retrouve dans un petit village d'Auvergne où tout le monde est parti et ne reste qu'une vieille dame qui va de maison vide en maison vide. Puis le village meurt. Cela se passe de cette manière pour la France si le nucléaire disparaît sans être remplacé.

Manet2: Certains disent que l'on sera trop d'humains.

Manet1: On ne le saura jamais parce qu'on ne sait jamais qu'on est en train de mourir. Quand Rome entre en décadence, personne ne s'en aperçoit. Le paysan à ce moment là est dans son champ, il prépare la prochaine récolte, le chef du village est un wisigoth et la vie continue.

Dans la conférence sur la Russie, on disait qu'en 1990 il y avait 150 millions d'habitants et aujourd'hui, il y en a 140. Et on pense qu'en 2050, ils seront 120. Qui en Russie en a conscience et pense qu'elle est en décadence. A quoi cela lui servirait?

Manet2: Et pourquoi?

Manet1: Ils s'effondrent.

Manet2: Cela n'empêche pas de faire des enfants!

Manet1: Mais si. La population diminue quand il y a plus de morts et moins de naissances. Les morts augmentent quand la durée de vie diminue. C'est le cas. Les hommes vivent statistiquement 63 ans et les femmes 75. Il y a beaucoup d'alcoolisme. Mais ni Poutine ni Medvedev ne disent que la Russie est en décadence.

Manet2: Ça les arrange?

Manet1: Le rôle du chef est de maximiser les ressources de son groupe. Les Russes ne sont pas bons en industrie, moins bons en armement, ils ont beaucoup de matières premières. Il serait intéressant de comparer la Russie qui a perdu 20 millions d'habitants en 30 ans et l'Égypte qui est passé de 30 millions en 1960 à 75 millions aujourd'hui.
La réponse particulière n'est pas connue. Mais la réponse globale c'est un manque de ressources de vie. La Norvège était avant la découverte du pétrole de la Mer du Nord, en 1970, l'un des pays les plus pauvres d'Europe comme l'Irlande ou le Portugal. Le hasard a apporté le pétrole. C'est aujourd'hui l'un des pays les plus riches d'Europe.

Il ne faut pas chercher dans l'humain une solution au problème russe mais dans le hasard. Le climat de la Russie est très rude. Ce pays a beaucoup plus besoin d'énergie que l'Europe Occidentale. Ils n'ont ni la main d'œuvre ni la capacité à développer cette main d'œuvre.  Parfois on fait une découverte mais on ne sait pas la mettre en place car on ne maîtrise pas tout le processus. Les gens demanderont un produit mais on ne saura pas les fabriquer en quantités suffisantes et aux bons endroits. Il y a aura des blocages culturels et législatifs.

Par exemple, la France en 1970 était au dernier rang pour le téléphone en nombre d'abonnés et en technique. Le Président Giscard d'Estaing en arrivant a lancé un plan de rattrapage. Il y a eu une chance: le rattrapage a été lancé au moment où il y avait une révolution technologique avec la convergence entre la téléphonie et l'informatique ( ce qui donne aujourd'hui Internet). On a décidé de construire chaque année 1 million de lignes et on a baissé le prix du téléphone pour que tous puissent y accéder. Il y avait une demande et on savait y répondre.

Le problème de la Russie c'est qu'il lui manque ce système vertueux: une solide technologie et une demande très importante. Elle n'est pas bonne en inventions pratiques même si elle a de grands savants. Elle n'a rien à proposer ni en téléphonie, ni en audiovisuel, ni en automobile ni dans aucun des secteurs de pointe qui puisse toucher un vaste public. Ils achètent tout à l'extérieur mais ils n'ont pas de contrepartie. Ils s'appauvrissent et ils font moins d'enfants.

Pour lancer la voiture, Ford a fabriqué la Ford T qui proposait toutes les couleurs mais où seule la noire était disponible. Il y avait d'un côté les chaînes de fabrication et de l'autre une large clientèle. La voiture était américaine et le client américain. Quand le client achetait une voiture, il enrichissait l'Amérique, un état six fois plus populeux que la France. Le même système en France est bon mais enrichit moins les constructeurs d'automobiles. Les Russes produisent peu de voitures. Ils ont des matières premières qu'ils extraient mais c'est un travail peu qualifié, il les vendent à l'étranger qui lui fait appel à des opérateurs plus qualifiés.


Pourquoi les pays pétroliers voient leur population exploser? C'est parce qu'ils viennent de loin et que la ressource pétrolière est très profitable par rapport à leur situation.

Il n'y a pas de retard russe. Il n'y a que du hasard. C'est un pays rude et pour l'instant, le pays n'a pas trouvé des ressources technologiques qui lui permettrait de décoller.

Manet2: Il y a quand même des russes riches qui voyagent en Europe. Mais les pauvres ne peuvent s'en sortir.

Manet1: Une bonne partie des avancées technologiques sont d'origine américaine ou européenne occidentale. Les Russes sont excellent en aéronautique et en satellites. C'est en partie le résultat de la politique communiste qui était strictement orientée vers l'industrie lourde et pas du tout vers l'industrie légère et vers l'industrie de grande consommation car aujourd'hui dans tous les pays riches, la consommation des ménages est un contributeur déterminant dans l'enrichissement du pays: c'est ce que l'on appelle une société de consommation. C'est un problème passager. Pour les pays producteurs de pétrole, il n'y a pas de création d'industries locales mais dépenses des dollars du pétrole qui un jour sera épuisé.

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Le solaire

Manet2: Nous, nous n'achetons pas ou peu de vêtements qui viennent de Chine. Ce sont les gens pauvres qui le font. Mais ces vêtements ne sont pas solides. On devrait les refuser.

Manet1: Non, car nous sommes dans un état Terre et il y a une vaste harmonisation qui intervient. Mais malgré cela, il faut que les régions de la Terre s'équilibre. En achetant la camelote chinoise, on permet à ce pays de passer un premier stade d'enrichissement. Avec ces gains, il a acheté des avions, des centrales nucléaires donc quand on vit sur une Terre où tous les humains sont en contact les uns avec les autres, peu à peu les relations s'égalisent. A l'époque des grandes distances avec une Chine lointaine et des Indiens ce qui frappe c'est la distance entre les civilisations. Maintenant c'est la proximité qui nous étonne.

Manet2: Nous leur envoyons des produits sains et eux des produits malsains.

Manet1: Personne n'est obligé d'acheter des produits malsains. Il suffit de traîner le revendeur en justice!

Le jour où le vivant a testé l'amanite phalloïde, il en est mort. Celui qui n'en n'a pas mangé, il est resté en vie. Il y a celui qui achète un fauteuil qui donne de l'urticaire et celui qui achète un fauteuil sain. Le premier attrape des boutons et l'autre non. C'est la même règle. C'est le hasard.

Manet2: Tout ce qui nous arrive, c'est le hasard?

Manet1: Et il ne faut pas se plaindre.


Revenons au nucléaire. Il y a de grands savants comme Einstein ou Oppenheimer qui ouvrent la voie du nucléaire civil à une époque où on avait tendance à opposer militaire et civil. On voit avec Fukushima que les deux sont dangereux.On ne peut jamais revenir en arrière car les expériences sont toujours dramatiques. Dans un lointain passé, il y a des vivants qui ont testé l'amanite phalloïde et par leurs morts, ils ont permis au suivant d'être prudent. Pour le nucléaire, ce sera la même chose, il y aura des catastrophes avant que l'on n'apprenne à préserver la sécurité de tous. 

Manet2: On peut dire que le nucléaire c'est fini?

Manet1: Ce qui se passe au Japon ne donne pas le signe de la fin du nucléaire. On a à faire à une technologie de plus de 40 ans. A la suite de ce qui s'est passé, on remettra à niveau toute la technologie mais dès qu'une modernisation sera introduite cette énergie coutera beaucoup plus chère.

Manet2: Il en faudrait des panneaux solaires à la surface de la Terre!  Ce sera cher!

Manet1: Tout dépend de l'enjeu.

Manet2: Pourquoi ne veut-on pas de panneaux solaires en France??

Manet1: Pour les mêmes raisons qui ont retardé la TNT en France. TF1, FR2 et FR3 savaient qu'ils étaient perdants puisqu'ils perdaient le monopole des spectateurs. Comme ils étaient dominants au début, ils ont utilisé tous les moyens pour l'empêcher.

Aujourd'hui, il y a EDF et AREVA qui s'y opposent et comme le nucléaire représente 82% de l'électricité, cela va durer encore un peu. D'autant plus que l'État avait prévu que EDF rachetait la surproduction à une prix concurrentiel. Mais EDF est une quasi-société privée et elle doit maximiser son résultat et non le distribuer autour d'elle. Le plaisant de l'affaire c'est que le propriétaire d'EDF est l'État. Si EDF était étatisé, il ne serait pas tenu à cette règle du résultat. C'est pour cette raison qu'EDF traine des pieds pour aider le solaire.

Conclusions: l'immigré

Manet2: Nous sommes dans l'attente et ne savons que faire. Nous ne savons pas ce qui va arriver. Les gens ont peur. Ce matin, deux personnes demandaient des pastilles d'iode.

Manet1: C'est une erreur. L'iode à des effets secondaires négatifs et on n'en prend que pour lutter contre un danger plus grand. Si le danger est absent, on s'intoxique pour rien.

Mais les gens sont devenus méfiants parce que les dirigeants ont commencé à dissimuler des situations graves. Or quand il y a une grande épidémie, ce sont des millions de personnes qu'il faut gérer.

Manet2: Il y a des mouvements de panique. L'an dernier, les pâtes ont disparu pendant un mois. Cela signifie qu'en cas de panique, les gens se piétinent mutuellement.

Manet1: C'est une lutte exacerbée pour les ressources de vie. Dans le cas du nucléaire nous ne sommes pas dans une solution simple: voici le poison, si on l'ingère, on meurt sinon on reste en vie. Le nucléaire, c'est l'inconnu. Nous savons seulement que c'est une technologie dangereuse. Le 2 décembre 1959 cinq ans après sa mise en service, le barrage de Malpasset s'est rompu faisant 453 victimes. C'était un barrage d'irrigation et non hydroélectrique. La justice a décidé que c'était le résultat de la fatalité.

Quand on est dans une situation simple - une seule ressource de vie pour deux vivants - la solution est simple, il y en a un qui doit céder. Mais quand il s'agit d'une technologie qui touche des millions de gens, la solution est autrement plus complexe.

Manet2: L'humain n'est pas bon, il est féroce.

Manet1: Non, c'est un vivant normal qui a besoin de ses ressources de vie pour vivre. Sans ces ressources, il meurt. Et quelle meilleure garantie de vivre que de lutter pour vivre. Qui me dit que si "je me sacrifie pour un autre vivant", il vivra certainement?

A-t-on avancé?

Manet2: Nous avons discuté du nucléaire et nous n'avons pas de réponse.

Manet1: Tous les jours, les humains comme les vivants ont besoin de leurs ressources de vie. Et à chaque époque, la manière de trouver les ressources changent. De 1939 à 1945, il y a eu la deuxième guerre mondiale. Puis il y a eu la guerre d'Algérie puis mai 1968. Et depuis cette date, il y a un certain pessimisme. Et dans les débats politiques, il y a un consensus sur le fait qu'il faut mettre les immigrés à la porte. Nous sommes toujours dans la lutte pour les ressources de vie. Un immigré pour un pauvre, c'est un humain qui prend sa place en demandant moins de salaire que lui. Il y a donc un emploi qui apporte des ressources de vie et l'immigré l'emporte parce qu'il baisse son niveau d'exigence. Et on estime que s'il n'a pas d'emploi, il va voler, vendre de la drogue et faire des actions interdites.

Manet2: Non, on reproche à l'immigré d'avoir une culture différente.

Manet1: Le ministre de l'Intérieur a déclaré ces jours-ci que plus il y a d'immigrés plus on se sent en insécurité.

Manet2: C'est lié à la culture.

Manet1: Zemmour dit que lorsqu'il y a un casse, c'est toujours un noir ou un arabe.

Manet2: Il y a des faits réels.

Manet1: C'est de cette manière que l'on pose le problème. Il y a des crises qui se déroulent en Tunisie, en Côte d'Ivoire ou en Libye. Un grand nombre de gens fuient ces pays. Dans le journal, il y a un français qui promeut l'idée que des familles accueillent chacune une famille japonaise. Il y a 800 000 japonais en situation précaire, faut-il les accueillir? Et si les quatre générateurs explosent et que tout le Japon soit radio actif et interdit aux humains pendant 1 million d'années, où vont vivre les 130 millions de japonais? Chaque famille française accueille une famille japonaise définitivement?

Manet2: Ces gens-là ne nous font pas peur.

Manet1: Et le policier de Benali qui fuit la vengeance de ses compatriotes, qu'en faire?

Manet2: Il va chez toi.

Manet1: Je n'en veux pas.

Manet2: C'est de l'égoïsme. Mais la discussion porte sur les mœurs et la culture.

Manet1: C'est un faux problème. Quand deux personnes luttent pour une ressources, il n'y a pas que la force pure qui intervient. La culture, c'est la culture de la majorité des humains à un endroit donné de la Terre. Deux humains vont lutter à armes égales puis au moment où l'un va être sur le point de perdre, il va faire appel à la culture c'est à dire à ses amis. Comme la culture dominante en France est la culture française, ce sera un appoint supplémentaire pour que le Français emporte la ressource de vie. Mais si la lutte se passait sur un territoire arabe, c'est l'arabe qui aurait un avantage. La culture c'est ce qui différencie la lutte pour une ressource un animal solitaire comme le chat par rapport à un animal sociable comme l'humain. Quand un arabe vient en France avec toutes ses ressources de vie, il est bien accueilli: Khadaffi a pu planter sa tente au George V. Donc le vrai conflit est un conflit pour les ressources de vie.

Manet2: C'est du cinéma.

Manet1: C'est une image pour dire que la culture ne pose pas de problème quand on ne lutte pas pour des ressources de vie. Dans le passé, les jésuites ont voulu convertir l'Empereur de Chine. On aurait pu parler de culture mais si l'on gratte un peu, avec la conversion, l'empereur passait sous l'autorité du pape puis sous celles des Européens.

Avec tous les moyens de transports, les humains circulent sans entrave.

Manet2: Les Japonais, c'est un accident.

Manet1: En 1939, dans le cadre de la lutte pour les ressources de vie, il y a eu une guerre mondiale. Aujourd'hui, nous avons une lutte contre l'immigration.

Manet2: Nous ne pouvons prendre toute la misère du monde!

Manet1: Rocard a dit cela en 1990 mais aujourd'hui les transports se sont améliorés.

Bilan de l'entretien:
Groupes, guerres et pillages


- un groupe a tendance a maximiser ses ressources de vie quand il est expansion.
- les groupes sont stratifiés: le nettoyage, les employés, les contremaitres, les cadres et les dirigeants. Chacun est solidaire pour l'acquisition des ressources de vie et le rôle du président est de les maximiser au point de porter atteinte à un autre groupe. Servier grâce à son Médiator a apporter beaucoup de ressources à son groupe mais des personnes d'autres groupes en sont mortes.
- Et quand on est dans un État, on travaille pour lui et contre tous les autres.
-Tout le monde travaille pour tout le monde et les armes sont une manière comme une autre de trouver des ressources de vie. Les armes permettent à un groupe d'être plus fort qu'un autre dans l'acquisition des ressources de vie.

Manet2: Donc demain, nous ne vivrons pas sans armes?

Manet1: Jamais: elles seront de plus en plus sophistiquées.

Manet2: On ne peut pas vivre sans arme?

Manet1: On retrouve l'humain et la main. La main crée les outils. Un outil sert à obtenir des ressources de vie et une arme c'est un outil. Quand on chasse le daim ou le cerf, le fusil est un outil. Et quand on chasse l'Allemand, le fusil est un outil également car on le tue et on lui prend ses ressources. Quand Bonaparte était en campagne en Italie ou en Égypte, il y avait de grands convois qui remontaient sur Paris avec tout ce dont il s'était emparé: peintures, statues, nourritures, matériels de tout type, armements etc ... Comme Goering. C'est humain: dès qu'il y a une grave catastrophe, il y a pleins de pilleurs qui viennent rôder. Et ce pilleur, c'est notre voisin ou notre voisine sympathique ou nous-mêmes.

 

 

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